« Nous devons prouver notre utilité mais aussi trouver de nouveaux partenaires. » Les quelques lignes, extraites de la publication Cap Canal Infos, semblent funestement prémonitoires. La chaîne, disponible sur le câble et destinée entre autres à venir en appui des projets éducatifs des écoles, souffre d’un double handicap : une audience confidentielle et un coût de fonctionnement prohibitif.
Ce que souligne, à grand renfort de chiffres, l’élue Lyon Divers Droite Nicole Chevassus-Masia. « Sur 177 écoles consultées, 77 n’utilisent jamais Cap Canal. Cinq seulement l’utilisent plus de cinq fois par an, souligne l’élue du 6ème arrondissement. Les lyonnais n’ont pas vocation à payer pour une chaîne qu’ils ne regardent pas et la Ville n’a pas à financer un réseau qui profite à la formation des seuls enseignants. » Des critiques appuyées par Michel Havard, leader de l’opposition UMP à la Ville, qui justifie le maintien becs et ongles des subventions au média par une inclinaison de Collomb pour « le strass et les paillettes de la télévision. »
Gérard Collomb lâche Cap Canal
Thuriféraire du projet éducatif porté par la chaîne et premier défenseur de sa légitimité, l’adjoint à l’éducation Yves Fournel, excusé lundi pour des raisons de santé, n’a pas pu répondre aux attaques coutumières de l’opposition. En son absence, c’est Gérard Collomb qui a porté l’estocade. Aux arguments de l’opposition ? Non. Le maire de Lyon s’est lancé dans une mise au point inattendue sur Cap Canal, moins sur le contenu que sur son plan de financement. « Nous devons trouver des partenaires. La ville de Lyon ne peut pas tout faire », explique Collomb. Et souhaite impliquer au premier chef l’autre institution qui co-finance le média, à savoir le Conseil régional. « Demandez donc à la Région, s’exclame un Collomb familier. Ils ont à la vice-présidence un ancien directeur de la chaîne... » Les oreilles de l’écologiste Philippe Meirieu ont dû (re)siffler. En effet, Gérard Collomb avait déjà sollicité le pédagogue sur cette question lors de la session de septembre, se félicitant à l’époque d’avoir « envoyé un éclaireur à la Région, qui ne manquera pas d’aider la chaîne. » Cap Canal, ce sont quelque 200 employés, producteurs, techniciens, qui font vivre la chaîne. Depuis 2008, la chaîne a coûté 2,3 millions d’€ à la Ville en frais de production, pour plus de 700 000 € sur 2010. Les heures d’antennes de la chaîne semblent désormais comptées. Avant la mire définitive ?