Quand Milan s'intéresse au Grand Lyon

Quand Milan s'intéresse au Grand Lyon
Le maire de Lyon, accompagné des élus Nadine Gelas et Jean-Michel Daclin, reçu par l'équipe de City Life à Milan - LyonMag

Si en football, Milan avait donné la leçon à Lyon lors d’un quart de finale épique de Ligue des Champions en 2006, la capitale des Gaules pourrait bien servir de modèle à sa voisine lombarde sur la question du développement métropolitain. C’est l’objet du déplacement effectué par Gérard Collomb jeudi à Milan, accompagné par une délégation d’élus et d’acteurs du monde économique lyonnais.

Le président du Grand Lyon a débuté jeudi son voyage en Italie par une visite à Milan. Jumelées depuis 1967, les deux villes ont pourtant eu des échanges discontinus. « Lors du précédent mandat, le maire de Milan n’était pas très présent sur les réseaux européens, confesse Collomb. Les réseaux des maires en particulier. »
Il faut dire que sous Laetizia Moratti (précédente maire de la ville - NDLR), Milan s’est concentrée sur la candidature à l’exposition universelle de 2015. Depuis son remplacement en juin 2011 par Giuliano Pisapia, un maire de coalition du centre-gauche à la Collomb, les relations sont à la reprise entre les deux métropoles européennes.
Alors, avant d’aller visiter le quartier de City Life, sorte de Confluence à la milanaise montée par des investisseurs privés - où le prix du m² par logement atteint quand même les 8 000 €, bien loin du concept de mixité sociale en vogue à Lyon - et de rendre visite à la célèbre marque de luxe lyonnaise Zilli, le maire de Lyon s’est entretenu avec son homologue milanais.
« La nouvelle équipe municipale souhaite pouvoir davantage s’appuyer sur les grandes villes européennes, explique le président du Grand Lyon. Et ils nous ont dit que leurs deux modèles étaient Berlin et Lyon. Évidemment, ça nous intéresse. » Car Milan ne collabore pas avec les villes qui l’entourent. Et si le schéma administratif des territoires italiens pourrait se résumer à un triptyque ville-département-région, il fait fi des communautés urbaines. Et même si Berlusconi, pour faire face à la crise, a donné le ton dès août en souhaitant éliminer les provinces les moins habitées et faire fusionner les communes de moins de 1000 habitants, on est encore bien loin du raisonnement en terme d’aire métropolitaine.
« Cela leur pose des problèmes pour harmoniser leurs réseaux de transports en commun. C’est un exemple, mais c’est une nécessité quand on souhaite étendre son aire urbaine, expose Collomb. Ils souhaitent regarder de très près ce qui se fait chez nous. » Et s’il ne s’agit pour l’instant que des babillages d’une coopération entre les deux villes, du côté milanais, on ne tarit pas d’éloges sur le modèle d’agglomération lyonnaise. « Lyon c'est un des exemples de succès en Europe, fondé sur trois piliers : attractivité économique, cohésion sociale et qualité de la vie, explique le maire de Milan Giuliano Pisapia. Les aspects communs aux deux villes sont nombreux. Elles ont toutes les deux vécu le passage de l'industrie manufacturière au tertiaire et aujourd'hui elles sont engagées dans les défis de la révolution technologique et de la globalisation. » Les champs d’actions pour la collaboration future entre les deux villes sont d’ailleurs assez vastes : grands projets urbanistiques, lutte contre la pollution, recherche médicale, internationalisation des entreprises et attrait des capitaux étrangers pour développer la culture.

Collomb pas franchement séduit par le péage urbain milanais

Car si Lyon ramène sa science en Lombardie, elle fait également le déplacement pour apprendre. En particulier sur le péage urbain, mis en place depuis fin 2007 dans la cité lombarde. Force est de constater que le modèle n’a pas franchement emporté les suffrages du maire de Lyon. « Pour en avoir discuté avec l’adjointe à l’urbanisme de Milan, elle m’a dit que le péage urbain avait eu l’effet inverse, explique Collomb. Cet outil a surtout pénalisé les voitures non polluantes. La conséquence a été paradoxale : les usagers se sont finalement mis à racheter des voitures moins chères et plus polluantes. Si l’on a une approche écologique des choses, et que le péage urbain aboutit à ce que les gens achètent plus de voitures, cela devient contre-productif. » Et pour  le sénateur-maire de botter en touche sur cette question. « Si on fait un péage urbain à Lyon, il sera sans doute différent de ce qui s’est fait à Milan, expose-t-il. On lancera ce débat quand nous nous saisirons du dossier du tronçon ouest du périphérique. » sachant que le TOP ne sera pas mis en place si l’Etat ne fait pas d’effort pour le financement du contournement ouest de Lyon (COL), le dossier pourrait encore trainer en longueur. En attendant, Lyon se contentera d’expérimenter à la mi-2012 les zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA), un programme bien moins contraignant que les péages urbains.

GL Events se place pour l’exposition universelle de 2015 à Milan

La délégation communautaire à également rencontré l’équipe en charge de l’exposition universelle de 2015. Après le retard pris dans les premiers travaux d’aménagement, on passe désormais la surmultipliée. Une première série d’appels d’offres pour les infrastructures, d’un montant de 350 millions d’euros, sera publiée en octobre. Un rendez-vous que ne manquera pas Franck Glaizal, DG Italie chez GL Events. Les déplacements servent aussi à placer le savoir-faire lyonnais, même si l’entreprise internationale, spécialiste de l’évènement, n’a pas besoin d’être tenue par la main. Prochaine étape pour se placer : les 27 et 28 octobre prochains, où la société Expo, qui gère l’évènement, tiendra une réunion à Cernobbio sur les modalités de participation. « Nous y serons », assure déjà Franck Glaizal.
Du côté de Collomb, on lorgne déjà sur un pavillon pour la Ville en 2015. Lyon à l’expo universelle de Milan ? Plus qu’improbable si la Ville veut y aller seule. Le prix annoncé, de 1 à 1,5 millions d’euros, refroidit. « J’ai connu plus cher, s’amuse Collomb, mais c’est évident que nous n’allons pas mettre une telle somme », recadre-t-il. Mais le thème, « Nourrir la planète, énergie pour la Vie », l’interpelle. « Cela peut faire écho au problème de la sous-nutrition, mais également à la restauration qualitative. A ce niveau, Lyon possède quelques figures emblématiques de la gastronomie. Quelqu’un comme Paul Bocuse viendrait se produire sur le stand de la France ou sur le stand de la Région et de la Ville, ce serait une beau projet », anticipe-t-il.
Vendredi, c’est à Turin qu’est attendu Gérard Collomb. Au programme : rencontre avec le maire de la Ville Piero Fassino et, entre autres, visite de la gare partiellement souterraine de Torino Porta Susa. De quoi à la fois s’inspirer pour le projet Part-Dieu 2020 et faire un point d’étape sur l’avancement de la ligne Lyon-Turin, prévue pour 2023.

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