En 2010, la branche cédée affichait 14 millions de pertes brutes pour
1,1 milliard de chiffre d’affaire. Les produits vinyliques, chlore,
soude ou PVC, représentaient 19% du chiffre d’affaire du groupe
spécialisé dans la chimie . Rachetée pour un euro symbolique, c’est
aujourd’hui près du quart des 2630 salariés français du groupe qui sont
menacés sur six sites de productions, dont celui de Saint-Fons dans le
Rhône. "L’unique raison pour laquelle le pôle PVC a été vendu, c’est
que dans le bilan global de l’entreprise, il diminue la profitabilité, a
expliqué Mélenchon dans un discours face aux salariés. Il ne l’anéantit
pas, il la diminue. Au lieu de cracher du 21% de profitabilité, il ne
va sortir que du 20% ou du 16%. C’est énorme, mais ça ne leur suffit
pas. Pour faire bonne figure devant le conseil d’administration et le
fond d’investissement qui est là, on coupe. Ce que l’on coupe, c’est un
savoir-faire, des métiers, des centaines d’emplois et un produit fabriqué
chez vous."
Le candidat du Front de Gauche est arrivé sur le site aux alentours de
14h, accueilli par les 280 salariés, avant de s’entretenir
pendant plus d’une demi-heure avec les représentants syndicaux. C’est
dans le réfectoire qu’il a tenu son discours. "Total vend une partie de
ses activités au début des années 2000 et créé le groupe Arkéma, a-t-il
rappelé. Qu’il revend. Arrive un fond d’investissement, cette espèce de
sangsue qui vous tombe dessus. Ils arrivent sans savoir ce que vous
produisez. Vous n’existez pas pour eux, vous n’êtes même pas de pions.
Vous n’êtes rien. Vous êtes un centre de coût et il faut vous sortir des
taux de profits jamais connu dans l’industrie." Une "caricature du
capitalisme financier qui dévore de l’intérieur la production réelle",
pour l’homme de gauche.
Et c’est cette méthode que brocarde Mélenchon. "A l’intérieur d’un
groupe, on sépare les pôles. Puis on constate que certains sont moins
profitables que les autres. Mais il n’est pas profitable car on l’a
séparé, tempête-t-il. Depuis quand une entreprise qui a une cohérence de
métiers de la chimie se polarise sur une seule partie ?"
Face à ces comportements, Jean-Luc Mélenchon assure que la France
possède en ses lois la réponse pour protéger sa production, mais
également ses salariés. "Le jour n’est pas si loin où, parce que nous
seront forts politiquement, nous serons en état de dire que doit
s’appliquer dans le pays l’article 411 du Code pénal qui réprime ceux
qui se sont mis au service d’une entreprise étrangère pour porter
atteinte aux intérêts économiques de la nation, tempête-t-il. C’est le
cas ici." Et de brocarder "ce bon à rien de Besson", le ministre de
l’industrie, qui n’a pas su préserver l’activité vinylique du groupe.
C’est en bon communicant que le leader du Front du Gauche a appelé ses "camarades" à continuer la lutte. "C’est à un dépeceur que l’on a vendu
cette affaire. Organisez-vous pour le chasser d’ici. Si vous résistez,
il s’enfuira. Il craint les salariés organisés. Comme vous êtes-là, vous
êtes bien parti pour le faire fuir." Pas sur toutefois que la
mobilisation suffise. Et pour leur visiteur du jour de donner ce dernier
conseil : "serrez-vous les coudes, protégez-vous les uns les autres."
Pas sur non plus que la fraternité suffise à repousser les intérêts économiques
du fond d’investissement Klech.