Nora qu'à bien se tenir

Le début de campagne de Nora Berra et son auto-investiture proclamée dans la quatrième va focaliser l’intérêt des médias sur ce territoire. Auparavant, cette circonscription ne présentait pas d’enjeu, car la droite y était largement majoritaire et les candidats investis par l’Elysée ne souffraient la moindre concurrence au sein de leur camp. En quinze jours, la 4e a déjà épuisé un refus de René Ricol, lessivé des candidats subalternes, suscité deux sondages, provoqué un schisme entre la fédération UMP du Rhône et la commission nationale d’investiture et désormais une primaire sauvage entre Dominique Nachury et Nora Berra ! Sachant que nous ne sommes que début février, la paisible 4e va se transformer en western politique d’ici la fin juin alors que Najat Belkacem n’est pas encore entrée dans le corral et n’a même pas dégainé.

La décision de Nora Berra de se dispenser d’attendre et de respecter la décision finale de son mouvement politique fait naturellement penser au choix de Rachida Dati de se présenter contre François Fillon, officiellement investi par l’UMP à Paris. Ces deux ministres issues, selon la formule à la mode, de la diversité, ont bien compris que leur ascension fulgurante à la tête de l’Etat n’était pas forcément gage de pérennité et qu’il fallait s’enraciner quelque part pour durer. Les péripéties de leur prédécesseur, Azouz Begag, ancien ministre du gouvernement Villepin, qui n’a jamais réussi à revenir au premier plan faute de conquérir un mandat important, ont été bien comprises. Avec une vraie honnêteté intellectuelle, Begag a souvent confessé à quel point il était difficile de renoncer au pouvoir et aux privilèges de la vie de ministre, le retour à la réalité de la vie politique passant par la dure loi du suffrage universel.

Nora Berra va donc tenter de s’installer dans cette circonscription plus favorable à la droite que la 3e où elle craint de perdre contre Touraine qui l’avait déjà battue aux municipales. Ce pari est avisé mais risqué car les électeurs du 6e arrondissement pourraient trouver ce calcul comme trop personnel, sachant qu’elle avait clairement annoncé son intention de reprendre la circonscription voisine à la gauche, vérifiant ainsi si sa médiatisation de ministre lui permettait de faire des voix dans un territoire plus difficile. Gageons que si primaire il y a, Dominique Nachury saura récolter les fruits de sa présence constante sur le terrain et de son implication dans la vie élective. A défaut, il y aura un « Printemps des Brotteaux » inédit, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir.