"Si l’hôpital Edouard Herriot, qui est le cœur du système hospitalier
lyonnais, venait demain à dépérir..." C’est avec cet avertissement que
le président du conseil de surveillance des HCL débutait en novembre
dernier sa conférence de presse présentant le projet de rénovation de
l’hôpital Edouard Herriot. Prémonitoire ? Le premier projet de 80
millions d’euros présenté en septembre, "qui tenait plus du
rafistolage", retoqué, le sénateur-maire de Lyon avait alors dégainé son
plan B : 270 millions d’euros d’investissement pour redonner son lustre
d’antan à l’hôpital lyonnais en repensant entièrement son
fonctionnement. Un projet découpé en deux phases. La première courre
jusqu’à 2019, pour un coût de 120 millions d’euros. SI les HCL prennent
en charge la moitié de la somme, le reste est réparti équitablement
entre le Grand Lyon, la Ville de Lyon et l’Etat, pour 20 millions
d’euros chacun.
Seul hic, la participation de l’Etat n’a toujours pas été actée. Et le
temps presse. Le sénateur-maire de Lyon voudrait que le ministère de la
Santé s’engage avant le 22 mars, date à laquelle l’Etat ne signera plus
de documents l’engageant sur le long terme, campagne présidentielle
oblige. "Nous avons quelques feux verts officieux du ministère de la
Santé, mais il ne faut pas attendre pour faire avancer l’avenir",
confiait soucieux Gérard Collomb lors d’une conférence de presse
mercredi. Une inquiétude légitime : sollicitée par LyonMag mercredi
soir, la secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra a rappelé la position
du ministère. "Le projet est en cours d'instruction, a précisé la Lyonnaise.
Une réunion de travail avec les représentants des hospices civiles s'est
d' ailleurs tenue il y a quelques jours au Ministère de la santé. Le
projet médical n'est donc pas encore consolidé, ce dont Gérard Collomb
ne semble pas tenir compte alors qu'il s'agit de l'élément central de la
mise en œuvre de la rénovation de l'hôpital." Car l’Etat ne veut pas
simplement participer à un projet immobilier sans garanties de contenu.
C’est donc un nouvel acteur institutionnel qui pourrait venir au renfort
du projet d’Edouard Herriot. L’appel du pied de Gérard Collomb aux
collectivités locales lors de la conférence de presse de présentation de
novembre avait été plutôt contre-productif. "Gérard Collomb se voit
peut être ministrable, mais ce n’est pas en faisant des effets
d’annonces que l’on fait de la politique, avait alors répliqué très
vertement le 1er vice-président du Conseil général du Rhône Michel
Forissier. Je regrette, mais c’est très politicard." Depuis, les lignes
ont bougées. Collomb assure que la région Rhône-Alpes pourrait monter au
financement, en versant indirectement une subvention à la partie
"recherches" du site hospitalier lyonnais. Mais c’est côté de l’Hôtel du
Département que les négociations sont le plus avancées. "Bernard
Fialaire été un bon avocat du projet auprès du Conseil général",
explique Collomb.
Car le vice-président délégué à la Santé et l’Environnement du
Département se penche sur le sujet depuis plusieurs mois. Bernard
Fialaire, également membre du conseil de surveillance des HCL, joue les
go-between entre les HCL et le Conseil général. Des réunions entre le
président de la Commission Médicale d’Etablissement des HCL Olivier
Claris et Bernard Fialaire, ont permis de faire avancer les choses. "Le
projet présente un intérêt pour la santé des Rhodaniens et un accord de
principe devrait être trouvé", nous a confié jeudi Bernard Fialaire. A
quelle hauteur et sous quelle forme ? Si rien n’est fixé pour le moment,
la fréquence des rencontres, une vendredi après-midi et une la semaine
prochaine, laisse penser que le protocole devrait être fixé dans les
jours à venir. Le Conseil général pourrait justifier son implication
financière par sa compétence personnes âgées, en s’impliquant dans le projet "gériatrie" d’Edouard Herriot. Il l’a déjà fait au HFME de Bron, en proposant une consultation spécialisée
"adoption", compétence également dans son giron. L’implication financière de ce nouvel
acteur institutionnel permettra-t-elle dès lors d’amoindrir la part
prise en charge par les collectivités locales ? Pas forcément. D’après
nos informations, il viendrait plutôt en renfort de l’Etat, dont la
participation financière pourrait être revue à la baisse.