R.Schittly, journaliste au Progrès : "11.6 est un mélange de fiction et de réalité sur Toni Musulin"

R.Schittly, journaliste au Progrès : "11.6 est un mélange de fiction et de réalité sur Toni Musulin"
Richard Schittly, journaliste au Progrès- LyonMag.com

Le journaliste au Progrès spécialiste des faits divers, Richard Schittly, était l’invité ce mercredi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

11,6 le film sur Toni Musulin, celui qui est devenu le plus célèbre des convoyeurs de fonds après le vol de son fourgon, sort ce mercredi au cinéma. L’affaire a eu lieu en 2009 à Lyon. Avez-vous vu le film ?
"Je l’ai vu. Dans le point de vue cinématographique, je trouve que c’est un film très intéressant qui résume très bien l’affaire".

Le film est-il conforme à la réalité ou est-il très romancé ?
"Les deux ! Ceux qui veulent retrouver la chronologie des évènements de novembre 2009 vont retrouver cela dans le détail, c'est-à-dire qu’on va voir Toni Musulin qui va préparer son coup, qui va louer des voitures, qui va préparer son itinéraire, qui va voler son fourgon, qui va planquer les billets dans le box… Tous les détails de l’affaire sont présents dans le film et plutôt exacts".

C’est avant tout un film sur Toni Musulin sans vraiment de scènes d’actions ? "C’est là où le cinéma prend le relais. Le parti pris du réalisateur, c’est de centrer le film sur le personnage, c'est-à-dire qu’on va recréer Toni Musulin. Et là pour le coup, il s’échappe plutôt de la réalité et c’est une bonne chose. La réelle personnalité de Toni Musulin n’est pas forcément intéressante, mais là dans le cinéma, il y a une interprétation de François Cluzet qui est magnifique et qui est très généreuse. On découvre un cheminement intérieur d’un homme qui est humilié dans son entreprise".

On en sait plus sur ces motivations, de son côté il avait dit que c’était simplement pour se venger de sa hiérarchie ?
"C’est une thèse dans la réalité qui peut être discutée. Il n’y a pas forcément une conscience sociale très développée chez Musulin, il faut le reconnaître. En revanche, dans le film, c’est une partie qui est vraiment développée et qui est intéressante. On a aussi quelqu’un qui se révolte et qui est solitaire qui a ses propres souffrances vis-à-vis de sa famille. Il y a vraiment des éléments piochés dans la réalité. Il y a vraiment une interprétation et la création d’un personnage, et pour ça ce film est vraiment très intéressant. La réalité et la fiction font un alliage que je trouve assez intéressant".

Il y a aussi de vraies impasses, notamment ces 2,5 millions d’euros qui restent un mystère…
" C’est l’énigme de l’affaire et qui fait encore fantasmer, et là le réalisateur prend soin d’éviter les ennuis. Il n’aborde pas cette question là, comme il ne se prononce pas sur la fameuse affaire de la Ferrari du convoyeur".

Qui est Toni Musulin en réalité ?
"C’est un personnage qui est très fermé donc qui est très difficile à comprendre et à suivre. C’est quelqu’un qui est tout en force et tout en muscles. On le sent, et dans la réalité, on a du mal à comprendre ses vraies motivations. Ce n’est pas quelqu’un qui va beaucoup s’exprimer et qui est plutôt agressif vis-à-vis du système judiciaire et des journalistes. Il s’entoure d’une carapace, donc on ne sait pas vraiment qui il est".

On sait si Toni Musulin a vu le film ?
"A priori, le réalisateur a voulu lui transmettre mais aujourd’hui je ne sais pas s’il l’a encore vu et ce qu’il en pense".

Il a été transféré de la prison de Corbas à la prison de la Santé à Paris. C’est lié au film ?
"Je ne pense pas qu’on lui ait transféré une salle de cinéma à la Santé à Paris, même si ironie de l’histoire, il se retrouve dans le quartier V.I.P de la Santé, là où avait été incarcéré le commissaire Neyret. C’est un curieux pied de nez à l’histoire lyonnaise. Je ne pense pas que ce soit pour la sortie du film. Ce sont plus pour des raisons de sécurité en vue de sa sortie à la fin de l’année".

Il avait été condamné à cinq ans de prison ferme en 2009. Il en est où aujourd’hui ?
"Avec les remises de peine qui sont automatiques, sa sortie est prévue est prévisible avant la fin de l’année. Il aurait pu bénéficier de sortie sous contrôle judiciaire avec des bracelets électroniques, mais ce n’est pas une solution qu’il a accepté. Je pense que c’est une envie d’être totalement libre".

On sait ce qu’il pourrait faire à sa sortie ?
"Les avocats ont mis en avant des embauches possibles et une réinsertion. Je crois que seul lui le sait vraiment. Les 2,5 millions d’euros vont lui coller aux basques et ce sera difficile de retomber dans l’anonymat car il a acquis une célébrité qui l’a dépassé. C’est pour ça d’ailleurs qu’il s’est rendu manifestement. Je crois que vivre avec cela ne va pas être simple pour Toni Musulin".

Pour vous, c’est ce Robin des Bois qu’on a décrit au début ?
"Je ne pense pas. C’est quelqu’un qui a eu une colère et une révolte. Il n’y avait aucun message politique dans ce qui l’a fait, ensuite cela a été interprété et investi par tout le monde".

Qu’est ce qui restera finalement dans l’imaginaire collectif autour de Toni Musulin ?
"C’est une affaire marquante dans l’histoire judiciaire. Il y a un peu du Spaggiari. Nous ne sommes pas dans les grands mythes du banditisme car c’est quelqu’un qui sort de l’anonymat et du métier de convoyeur. On n’est pas du tout dans ces bandits « grandes gueules » qui amusaient les médias. C’est un solitaire qui sort d’un coup du bois et qui va faire un coup fameux dont tout le monde rêve".

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