Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne : "Prêt à célébrer les mariages sans que ce soit la Gay Pride"

La loi sur le mariage pour tous a été adoptée mardi par l’Assemblée Nationale. Le texte doit encore être validé par le Conseil constitutionnel puis la loi promulguée par le président de la République. A Villeurbanne, tout est prêt pour marier des couples de même sexe ?
"Nous serons prêts, il faut dire qu’il ne faut pas faire grand-chose non plus. On fait environ 500 mariages de couples hétérosexuels par an à Villeurbanne. Je pense qu’on en fera quelques-uns, certains ont du se renseigner.
Je pense que tous mes adjoints sont prêts à ça. La très grande majorité s’est déjà engagée à travers des signatures, quelques-uns ne l’ont pas fait. Mais ils disaient que lorsque la loi serait votée, ils l’appliqueraient."

Selon la Manif pour Tous, 6000 maires ont signé une pétition pour ne pas célébrer ces unions là. Selon vous, c’est une faute ?
"Je n’utiliserais pas le mot de faute mais quand on est dans un pays où il y a la République et des lois, on doit s’y conformer. Je vois mal un couple homosexuel dans l’incapacité de se marier. Je ne vais pas faire comme François Hollande qui avait parlé de clause de conscience. Non, il n’y en a pas.
Après, moi-même à l’hôtel de ville, je ne célèbre pas tous les mariages. Mais il y a les adjoints voire les conseillers municipaux donc on peut réagir de façon pragmatique. Quelqu’un qui dirait "Non je ne veux pas", je pense qu’il serait dans une situation qui n’est pas digne de sa fonction."

A Villeurbanne, il y a déjà eu des demandes de couples homosexuels ?
"Pas formellement. Mais je me suis renseigné, je sais qu’au niveau des services de l’Etat civil, certains personnes sont venues pour exprimer un pré-souhait. Il y aura à partir du mois de juin ou seulement en septembre un certain nombre de couples à Villeurbanne."

Jean-Paul Bret, ca fait longtemps que vous êtes engagé dans cette cause. Par le passé, des couples étaient venus vous voir pour des célébrations symboliques ?
"J’ai une demande portée par un organisme. J’ai répondu non parce que je suis républicain. Et tant que la loi n’était pas votée, on n’avait pas à faire un simulacre de mariage. L’attitude qu’à eu Noël Mamère à Bègles… je ne suis pas pour mimer les choses de la République. Par contre quand on pourra le faire, on le fera normalement. Je n’entends pas qu’on en fasse une gay pride à l’Hôtel de Ville."

L’organisation des premiers mariages sera particulière ? On sait que les opposants pourraient manifester, les nationalistes pourraient faire des actions coup-de-poing…
"On verra bien. Je pense quand même que ca ne se passera pas comme ça. Ca reste un engagement privé. Les personnes qui viendraient manifester rentreraient dans une dimension supplémentaire. Il y aurait une agression par rapport au couple. S’il y a besoin, nous serons attentifs à veiller qu’il n’y ait pas d’intrusion."

Le texte adopté, les opposants doivent-ils déposer les armes selon vous ?
"Je pensais même qu’ils devaient les déposer avant. Même si certains manifestants sont pacifistes, ils ont servi de cheval de Troie aux identitaires. Même les propos de Frigide Barjot comme guerre civile, ca va saigner… Quand elle vient à Lyon et qu’elle dit que c’est la capitale de la résistance donc on va résister, c’est une imposture dans tous les sens du terme. Ceux qui résistaient pendant la guerre n’ont pas à être récupérés aux résistants au mariage."

Vous pensez que la fracture va rapidement se résorber ?
"Le temps va régler l’essentiel des choses. La droite opposée aujourd’hui, si le suffrage universel dans cinq ans leur donnait l’occasion de légiférer à nouveau, ils ne reviendront pas dessus. C’est évident."

Pour les municipales, vous pensez vous retrouver face à des listes de la manif pour tous comme ils le promettent ?
"Imaginez les municipales, avec les enjeux comme la petite enfance ou le développement urbanistique de la ville, où ils se présenteraient avec l’étiquette "non au mariage pour tous", honnêtement, c’est un prisme singulièrement étroit. Alors qu’il y en ait certains qui y pensent… la folie s’installe partout et je ne peux pas en être responsable mais je ne pense pas que le succès pourrait être au rendez-vous."