Isabelle Doré-Rivé du CHRD : "François Hollande viendra peut-être à Lyon rendre hommage à Jean Moulin"

Isabelle Doré-Rivé du CHRD : "François Hollande viendra peut-être à Lyon rendre hommage à Jean Moulin"
Isabelle Doré-Rivé - LyonMag

Isabelle Doré-Rivé, directrice du CHRD, était l’invitée ce vendredi de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

Le 21 juin prochain, cela fera 70 ans que Jean Moulin a été arrêté à Caluire-et-Cuire. Immense figure de la résistance sous l’occupation allemande, il sera évidemment mis à l’honneur par le CHRD. Quel est le programme pour ceux qui veulent commémorer cet anniversaire ou en apprendre plus sur le personnage ?
"On s’est associé avec le mémorial de Caluire, le lieu d’arrestation de Jean Moulin et le mémorial de Montluc pour proposer une programmation variée de conférences, de parcours de ville, de visites commentées et d’expositions pour pouvoir balayer toutes les facettes de cette histoire assez complexe."

Ces parcours urbains et visites guidées dans les pas de Jean Moulin, où est ce que vous allez emmener les visiteurs ?
"Dans des lieux assez inattendus. Ca va d’immeubles où Jean Moulin avait des planques à des restaurants comme Le Garet qui est toujours près de l’Hôtel de Ville et qui est le lieu de la première rencontre entre Jean Moulin et son secrétaire Daniel Cordier. Il y a aussi des imprimeries clandestines, toute une myriade de lieux qui ont permis à Jean Moulin d’avoir une activité clandestine à Lyon entre 1942 et 1943."

On sait qu’il y a beaucoup de mystères autour de Jean Moulin et notamment autour de son arrestation. Aujourd’hui le doute n’est toujours pas levé ?
"Il n’y a plus tellement de mystères. On sait que Jean Moulin était traqué par la Gestapo et que tôt ou tard malheureusement il aurait été arrêté. Il est arrêté c’est vrai suite à une imprudence et peut-être une trahison. Malheureusement c’était sans doute une fin inéluctable pour quelqu’un qui s’était exposé au cours des deux ans qu’il passe en France."

Les 70 ans de l’arrestation, ce sera le 21 juin. Mais les événements du CHRD débutent dès le mois de mai…
"Dès le 16 mai effectivement, par une conférence dans les locaux de la préfecture par Christine Levisse-Touzé qui est une historienne spécialiste de Jean Moulin et Jean-Louis Crémieux-Brilhac, ancien résistant et historien. Donc ce sera le coup d’envoi de toute une série de manifestations, il y en aura deux ou trois par semaine jusqu’au 21 juin."

Et pour le 21 juin, il y aura un événement particulier ?
"Oui, sans doute une grande manifestation sur les lieux de l’arrestation organisée par la préfecture et par la ville de Caluire. Peut-être la visite d’une haute-autorité…"

On parle effectivement de la venue de François Hollande. Vous avez été mise dans le secret ?
"Non pas du tout. J’ai lu dans la presse comme tout le monde que peut-être que François Hollande viendra au CHRD mais je dois dire que je n’ai pas d’informations précises. Mais on peut déjà considérer que la manifestation du 21 juin aura un éclat tout particulier cette année."

Au CHRD, vous aviez déjà un espace consacré à Jean Moulin. Que peut-on y retrouver ?
"A la fois des photos, des documents qui relatent de la mission de Jean Moulin et puis un document inattendu qui est un fragment de son parachute. Vous savez que Jean Moulin est parachuté dans le Sud de la France en janvier 1942 et les résistants qui l’ont assisté dans cette opération ont conservé religieusement un morceau de son parachute. Il nous a été transmis par l’une de ses proches."


Le nom de Jean Moulin est historiquement rattaché à la ville de Lyon et à celle de Caluire. Quelles traces a-t-il laissé ici ?
"Peu de traces, justement parce qu’il était clandestin. Mais on sait, ne serait-ce qu’en lisant les mémoires de Daniel Cordier, que c’est vraiment dans les murs de cette ville qu’il va inscrire son action, que beaucoup de décisions sont prises en marchant entre la gare de Perrache et la place Bellecour. Tout le récit de Daniel Cordier a vraiment Lyon comme cadre."

Les jeunes qui viennent au CHRD restent encore réceptifs à cette période de l’Histoire qui, inexorablement, s’éloigne de nous ?
"C’est vrai qu’on est à deux générations de l’événement donc ca veut dire qu’il n’y a plus de transmission familiale. C’est à nous, historiens et professionnels de musées, d’être le plus concret possible dans cette approche, en montrant des objets et des documents originaux, en emmenant les jeunes et les moins jeunes sur les lieux où il s’est passé quelque chose, pour que cette histoire soit ancrée dans du réel  et pas seulement un récit un peu mythologique."

Cette année, on a beaucoup entendu le terme de "Lyon capitale de la résistance" mais dans la bouche des antis mariage pour tous. Vous acceptez qu’on puisse utiliser ce terme pour défendre des idées qui n’ont rien à voir avec le combat de Jean Moulin et des résistants ?
"C’est quelque chose qu’on voit depuis quelques années. Le corps social se réapproprie l’idée de résistance. A tort ou à raison. Une certaine frange de la population se drape dans les idéaux de la résistance. Il n’y a pas de modèle déposé donc chacun est libre de se revendiquer de ces idéaux. Mais je crois qu’il faut bien replacer les choses dans leur contexte historique : la résistance c’est d’abord la lutte pour la défense d’un territoire envahi par un ennemi. On n’en est pas là. C’est aussi une réflexion plus large sur la création d’une société meilleure pour l’après-guerre, la résistance c’est des idéaux de générosité, d’ouverture et de partage."

Le CHRD avait rouvert ses portes à l’automne dernier après des travaux. Vous êtes contente de votre nouvel écrin ?
"On est content, ca laisse pénétrer l’air et la lumière dans ce bâtiment historique. Ca nous permet de montrer nos collections. Et visiblement, ca plaît bien au public parce qu’on a une fréquentation accrue depuis la réouverture avec tous types de public."

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