Banques : "Des casinos géants"

Banques : "Des casinos géants"
Louis Thannberger

Après l’affaire Kerviel qui a plombé le résultat de la Société Générale, Louis Thannberger dénonce le rôle des banques.

Votre analyse de l’affaire Kerviel ?
Louis Thannberger : C’est révélateur de l’état du système bancaire français. Aujourd’hui, les banques sont devenues des casinos géants. La preuve : Jérôme Kerviel, qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société Générale, avait joué 50 milliards d’euros. L’équivalent de la capitalisation boursière de la banque ! Alors qu’un chef d’agence qui veut placer 10 000 euros doit demander une autorisation à sa direction. Ce qui me choque le plus dans cette histoire, ce n’est pas la perte, mais le montant de la mise.
Mais pourquoi Kerviel a misé autant d’argent ?
Parce que les banques veulent gagner toujours plus d’argent pour engraisser leurs actionnaires. Du coup, les traders sont sous pression et ils misent gros pour réaliser des plus-values gigantesques. En fait, ce n’est pas Jérôme Kerviel qu’il faut mettre en cause, mais la direction de la Société Générale et notamment son président, Daniel Bouton.
Mais vous ne découvrez pas le système aujourd’hui !
Non mais le problème, c’est que les banques ont perdu de vue leur vrai métier, celui de de prêter de l’argent aux particuliers et aux entreprises.
L’origine de cette évolution ?
Le développement de la bourse où se sont introduit de plus en plus d’entreprises et notamment des PME. Du coup, les banques ont commencé à acheter des actions d’entreprises cotées avant de s’introduire elle-même en bourse. Leur seul objectif : avoir les moyens de se développer en absorbant leurs concurrents. Du coup, elles ont cessé d’aider les entreprises. D’ailleurs toute cette affaire montre bien à quel point les banques peuvent être arrogantes : elles laissent des traders miser des milliards mais elles refusent d’accorder des crédits aux particuliers qui veulent acheter une voiture ou un appartement, mais aussi aux entreprises qui veulent se développer, sous prétexte que c’est trop risqué !
Les leçons qu’il faut tirer pour l’avenir ?
Les banques ne peuvent pas se remettre en cause : elles sont aujourd'hui enfermés dans un système d’où elles ne peuvent pas sortir car elles ont besoin de gagner toujours plus d’argent pour rémunérer leurs actionnaires. Mais le système est de pus en plus fragile.
Mais vous êtes quand même mal placé pour dénoncer la bourse !
J’aime la bourse qui crée des richesses et des emplois. J’aime la bourse au service des entreprises. Mais je n’aime pas la bourse des flambeurs, celle qui ne recherche que le profit à court terme.

Louis Thannberger, qui a été cadre-dirigeant de la Lyonnaise de Banque, dirige aujourd’hui EFI, une entreprise spécialisée dans l’introduction de PME en Bourse.

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