L'évolution de la fédération PS des années 70 à aujourd'hui

La fédération PS du Rhône a considérablement évolué en 30 ans. Beaucoup plus que le PS lui-même.

Quand le Parti socialiste est fondé en 1971, c’est Franck Sérusclat, un fidèle de Mitterrand qui prend la tête de la fédération du Rhône. Avec un discours musclé et une stratégie offensive : l’union de toute la gauche, communistes compris. Pour s’imposer, ce représentant de la Convention des institutions républicaines lancé par Mitterrand doit mettre sur la touche le maire de Bron, André Souzy, leader de la SFIO et du socialisme municipal pragmatique, mais aussi le Lyonnais Claude Bernardin, un chrétien de gauche. “En fait, les mitterrandistes ont gonflé leur poids pour prendre le pouvoir”, rappelle Yann Crombecque, professeur d’histoire et auteur d’une thèse très complète sur l’histoire du PS lyonnais. Sérusclat, devenu sénateur-maire de Saint-Fons, va tenir la fédération PS du Rhône jusqu’à l’arrivée d’Hernu, un autre fidèle de Mitterrand, élu maire de Villeurbanne en 1978, qui va placer Yvon Deschamps comme premier secrétaire fédéral un an plus tard. Un poste qu’il tiendra quinze ans. Au cours de cette période, Collomb est dans la minorité, car il a suivi le maire de Lille, Pierre Mauroy. Autre minoritaire : Poperen, le maire de Meyzieu, qui défend une ligne plus ouvriériste et surtout déteste Hernu. Un Poperen assez isolé, soutenu par quelques militants de l’Est lyonnais comme Jacky Darne et Annie Guillemot qui deviendront plus tard respectivement maires de Rillieux et de Bron.
Puis, au milieu des années 1990, les modérés prennent l’avantage derrière Lionel Jospin et sa stratégie gauche plurielle. Ce qui permet à Collomb de revenir dans la majorité. Mais c’est encore une jospiniste pure et dure, Sylvie Guillaume, qui succédera à Deschamps en 1994. Et Collomb devra attendre sa victoire aux élections municipales à Lyon en 2001 pour prendre véritablement le pouvoir à la fédération. Et encore, en 2003, quand Christiane Demontès est élue première secrétaire fédérale, c’est une candidate par défaut, soutenue par les pro comme les anti-Collomb, car elle ne gêne personne. A l’époque. Car depuis, la nouvelle sénatrice-maire de Saint-Fons a fait l’unanimité contre elle. Collomb considérant qu’elle monte la fédération contre lui alors que ses opposants sont persuadés qu’elle veut les marginaliser pour préserver le maire de Lyon. Aujourd’hui, la fédération du Rhône est désormais considérée comme une des plus réformistes de France. Mais Collomb a quand même présenté Jacky Darne, l’ancien popereniste, pour convaincre les autres sensibilités de signer un accord de gouvernement. Car il a bien compris que, pour la première fois, l’éclatement du PS était possible et qu’il lui fallait placer à la tête de sa fédération un apparatchik capable de se faire respecter.

X
0 commentaire
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Mag, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.