Burn-out : la maladie des cadres

De plus en plus de cadres sont victimes de burn-out, c’est-à-dire de surmenage. Les explications du psychiatre lyonnais Patrick Lemoine.

“Le burn-out, c’est tout simplement un surmenage puisque le salarié qui est victime est en état d’épuisement professionnel. Les causes sont souvent les mêmes : trop de travail, des objectifs impossibles à atteindre, le harcèlement moral... Mais le burn-out est aussi un phénomène fréquent chez les salariés qui ne travaillent pas à leur rythme : par exemple, ils sont plus efficaces le matin mais sont obligés de travailler la nuit. Du coup, ils n’arrivent pas à être opérationnels. Autre cause : un salarié prometteur bénéficie d’une promotion mais ne se sent pas capable d’assumer ses nouvelles fonctions. Un cas de figure assez fréquent.
D’ailleurs, le burn-out touche surtout les cadres. Car c’est une catégorie de salariés qui s’investit beaucoup dans son travail. D’où une plus grande difficulté à penser à autre chose une fois la journée finie. Alors que les salariés qui exécutent des gestes répétitifs, comme les caissiers de supermarché ou les ouvriers à la chaîne, arrivent à penser à autre chose pendant leur travail !

Quant aux symptômes du burn-out, ils se manifestent progressivement. Au début, le salarié est stressé et il pense à son travail en permanence, ce qui provoque des troubles du sommeil et de la digestion. Mais il a aussi de plus en plus de mal à récupérer : il se sent fatigué en permanence, même quand il revient de vacances ou de week-end. Puis les symptômes s’aggravent : perte d’appétit, maux de tête, vertiges, mal de dos... Un exemple : l’été dernier, le Premier ministre François Fillon a eu une sciatique et on peut se demander si ce n’était pas une expression de son surmenage.
Mais les symptômes du burn-out sont également psychologiques : le salarié n’a plus confiance en lui et il n’a plus aucune estime de lui-même. Du coup, il devient complètement asocial : il ne voit plus ses amis ni sa famille, ce qui, dans ce cas-là, peut entraîner un divorce. Dans le même temps, il est complètement découragé et il pense qu’il n’y arrivera jamais. En plus, il devient très agressif et il a le sentiment que tout le monde lui en veut. Il devient alors carrément insupportable pour son entourage.
L’ultime étape du burn-out, c’est le “workaholisme”, un phénomène très répandu au Japon, notamment chez des écoliers et des lycéens qui ont des objectifs très ambitieux à atteindre. Ce sont des gens tellement obsédés par le boulot qu’ils travaillent nuit et jour et finissent par mourir d’un infarctus ou se suicident.

Pour prévenir le burn-out, il faut savoir repérer les premiers symptômes. On commence  à être atteint quand on est obsédé par son travail chez soi ou pendant les week-ends. Dans ces cas-là, il vaut mieux prendre quelques jours de congé. Et si les premiers symptômes du burn-out persistent, je recommande de faire des exercices physiques adaptés à son caractère. Exemple : pour les personnes plutôt agressives, il faut pratiquer un sport comme l’escrime, qui leur permettra de décharger leur agressivité. Au contraire, pour ceux qui savent se contrôler, mieux vaut s’en tenir à de la relaxation ou à des exercices de méditation avec un psychologue.

En revanche, si on est vraiment très atteint par le burn-out, on peut se faire prescrire des tranquillisants, ce qui est très utile pour faire retomber la pression. Mais attention : il ne faut en prendre que pendant quelques jours. Sinon, il y a un risque de dépendance, ce qui va entraîner des troubles de la mémoire et une fatigue chronique. Et si on a l’impression de n’être plus bon à rien et qu’on a envie d’en finir, alors il faut prendre des antidépresseurs pendant au moins six mois. Une fois le traitement terminé, ça peut être difficile pour le salarié de reprendre son travail. Dans ce cas, il faut déterminer l”origine du problème :  harcèlement, problème de compétences pour remplir ses fonctions, manque de confiance en soi... Dans ces cas-là, il faut envisager de changer de poste ou de travail. Et je conseillerais alors de consulter un psychologue ou un psychiatre pour réaliser un travail de fond.”

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