CNR : Elisabeth Ayrault prête à chanter sous la pluie

CNR : Elisabeth Ayrault prête à chanter sous la pluie
Elisabeth Ayrault - LyonMag

La neige et la pluie qui sont tombées en abondance auront au moins fait une heureuse.

Si elle ne se retenait pas, la présidente de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) Elisabeth Ayrault se laisserait bien aller à danser sous la pluie histoire de remercier le ciel de sa générosité. En attendant, elle ne boude pas son plaisir de voir enfin se remplir généreusement les barrages sur le Rhône. Même s’il est trop tôt pour crier victoire - nul ne sait ce que réservera le printemps- on peut espérer que la sécheresse de l’année dernière ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Qui dit manque d’eau, dit production électrique en berne.

Même si elle a fortement investi dans les autres énergies renouvelables, la CNR reste très dépendante de la production hydroélectrique. Or, pour reprendre les propres mots d’Elisabeth Ayrault, 2017 a été "une annus horribilis" pour la CNR. "Chaque jour, il faut prier pour qu’il y ait de l’eau pour turbiner", expliquait-elle l’automne dernier.

En octobre, victime d’un manque d’eau assez exceptionnel pour cette période de l’année, le barrage de Pierre-Bénite avait mis ses turbines à l’arrêt. Au total, à période égale, la CNR enregistrait une chute de 34% de son activité par rapport à 2016. Plus en aval sur le fleuve, la situation n’était pas meilleure. Loin s’en faut. Selon les mesures réalisées régulièrement à Beaucaire dans le Gard, le débit du Rhône équivalait au mois d’octobre à seulement un tiers de son débit habituel à cette période de l’année.

Moins d’électricité produite, c’est moins de recettes dans les caisses de la CNR. Si l’on ajoute que le prix de l’électricité a plutôt baissé par rapport à ce qu’il était voici sept-huit ans en arrière, on comprend que les très belles années financières de la Compagnie ne soient plus qu’un lointain souvenir.

Depuis décembre, la situation s’est nettement améliorée. L’eau est tombée en abondance pendant toute cette période ; quant aux massifs alpins, ils se sont généreusement couverts de neige. Laquelle alimentera le fleuve au moment de la fonte.

Mais tel le paysan qui réclame de l’eau en mars et se plaint qu’il y en ait trop le mois suivant, Elisabeth Ayrault n’est jamais contente. Il est vrai que trop d’eau provoque des crues qui ne sont pas favorables à la production électrique. Or, il y a eu pas moins de trois crues depuis décembre, ce qui n’est pas une bonne nouvelle. Pour que les barrages sur le Rhône tournent à plein régime, il faut à la fois de l’eau et une hauteur de chute. Quand il y a crue, on perd de la hauteur et le rendement des turbines en prend un méchant coup.

Heureusement, à l’inverse de la sécheresse, les crues sont limitées dans le temps. Une fois la situation redevenue normale - ce qui est actuellement le cas – la production peut redémarrer de façon optimale.

De là à d’ores et déjà prévoir une année financièrement bonne pour la CNR, il y a un pas que les responsables refusent de franchir trop vite. Pour bienvenues qu’elles soient, les pluies actuelles ne suffisent pas à garantir une bonne année. Tout dépendra des prochains mois. Si le printemps et l’été se révélaient être très secs, l’automne serait à nouveau difficile. Bien sûr, les réserves de neige dans les alpes françaises et suisses éviteront que l’on vive cette année une nouvelle catastrophe.

Les recettes dépendent également du prix de vente de l’électricité qui n’atteint plus les sommets que l’on a pu connaître par le passé. La raison tient à la fois au développement des autres sources d’énergie renouvelable (éolien, solaire, nucléaire) et aux performances énergétiques qui ont fait sensiblement baisser la consommation.

En outre, les températures en janvier ont été nettement supérieures à la moyenne. Résultat, la demande a été plus faible qu’à l’habitude et les prix ont donc plutôt baissé.

Si l’on se projette un peu plus loin dans l’avenir, il est difficile d’être optimiste. Certaines projections laissent penser qu’il y aura 40% moins d’eau d’ici la fin du siècle. Pour l’instant, on ne s’en rend pas vraiment compte, mais il y a déjà moins d’eau dans le Rhône.

C’est ce qu’explique Elisabeth Ayrault : "Beaucoup de gens ne le voient pas, alors que quand il y a moins d’eau dans son fleuve, on devrait être préoccupé. On est habitué à voir le Rhône passer, à penser qu’il est éternel, alors qu’il ne l’est pas. C’est pire qu’une baisse de 30% mais elle est compensée par la fonte des glaces. Ils fondent et alimentent le Rhône. On vit à crédit".

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2 commentaires
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Nostromo le 27/02/2018 à 07:06

Heureusement que vous êtes là pour vous préoccuper du climat et en aucun cas de votre note d'énergie
Qu'est ce qu'on ferait sans vous ?

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Pierrette le 26/02/2018 à 09:34

"Beaucoup de gens ne le voient pas, alors que quand il y a moins d’eau dans son fleuve, on devrait être préoccupé."

La présidente de la CNR semble pourtant plus préoccupée par la basse de son chiffre d'affaire que par celle du débit du Rhône...

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