Philippe Meirieu : «Les écologistes ne se dissolvent pas et n’abandonnent pas leurs valeurs»

Philippe Meirieu : «Les écologistes ne se dissolvent pas et n’abandonnent pas leurs valeurs»

Philippe Meirieu et ses nouveaux alliés tenaient mercredi matin une conférence au club de la Presse de Lyon. Un exercice attendu, le premier depuis la constitution de la «Liste de la Gauche et des Ecologistes pour Rhône-Alpes.» D’autant que l’opacité demeure sur le partage des compétences au travers des vice-présidences qui ne sont toujours pas identifiées. Et le désormais troisième sur la liste d’union n’en a pas dit plus. Il a même réaffirmé la spécificité d’Europe écologie, en insistant plus sur les points de désaccords que sur les points de concorde. Le meeting commun de ce soir révèlera-t-il enfin les postes ? Rien n’est moins sur. Interview.

Lyon Mag : Vous nous dites de manière récurrente discuter avec vos partenaires. En quoi consiste ces discussions ?
Philippe Meirieu :
Cela veut dire que nous travaillons pour que les objectifs d’Europe écologie soient totalement intégrés au projet de région et à la gouvernance régionale.
Nous portons des points forts, ce que nous appelons la reconversion écologique de l’emploi, c’est à dire la création d’emplois verts, d’emplois locaux, d’emplois durable.
Nous défendons aussi le maintien des agriculteurs, l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs. Voila des choses que nous avons intégré à l’intérieur de l’accord qui est en cours de rédaction. Il intégrera également la question des énergies renouvelables, un plan climat énergie, l’arrêt du nucléaire, la question de la priorité absolue aux transports en commun et le non-financement des routes et des autoroutes à l’exception de l’Ardèche. Voila un certain nombre de choses sur quoi nous sommes exigeants parce que les objectifs qui sont les nôtres comptent dans le prochain exécutif. C’est du travail !
Nous demandons aux électeurs qui nous ont fait confiance de nous faire confiance à nouveau pour que nous puissions peser un maximum pour que ces objectifs, qui sont aujourd’hui actés, puissent être réalisés. Cela passe par une gouvernance renouvelée. Les écologistes avaient 10% des voix en 2004. Il en ont 18 % aujourd’hui. Nous avons grimpé de 80 % ! Dans l’exécutif, nous voulons qu’à la fois nos objectifs, mais aussi nos méthodes, soient intégrées. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé qu’il y ait des missions plus globales sur la question du foncier. Cela a été accepté. Ce n’était pas prévu dans le programme du Parti Socialiste. Nous arrivons avec la question du foncier, et il faut que la Région s’engage dans le foncier, qu’elle prenne des parts dans les SAFER. Il faut une mission transversale sur le foncier. Quand nous apportons cette idée, nous en discutons avec nos collègues socialistes. A ce moment là, nous introduisons cette préoccupation dans le programme. Et nous la porterons ! Nous serons le garde-fou de cette thématique. Ce n’est pas seulement des questions de postes, ce n’est pas uniquement de savoir qui fait quoi. La vrai question est de savoir où nous allons et pour faire quoi.

L’UMP vante sa cohérence de liste et de programme, que leur répondez-vous ?

Effectivement, avec l’UMP, on sait trop où l’on va, car on va dans le mur. On va à l’aide systématique aux banquiers et à aucun soutien pour l’emploi. On en est à la dix-huitième réforme du code pénal depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy, sans une seule réforme pour l’emploi. Nous avons des priorités communes à gauche, mais nous avons des sensibilités différentes. Ces sensibilités, ce n’est pas une manière de nous appauvrir, c’est une richesse. Nous serons plus attentifs que certains autres sur les thématiques écologistes. C’est une garantie pour les électeurs. Il n’y pas chez nous une espèce de ligne directrice, avec une groupe qui obéit aux impulsions d’un président de la République en fonction de l’actualité du moment. C’est une garantie démocratique de prise en compte de la diversité de la France. Si nous avons voulu jouer la démocratie du premier tour en présentant des listes autonomes, c’est pour permettre aux différentes sensibilités de s’exprimer. Mr de Villiers est parti d’entrée de jeu avec Mr Sarkozy, nous ne savons pas vraiment sur quelles bases, Qu’a-t-il négocié ? Nous, au moins, nous négocions sur des bases visibles. Je crois à la démocratie, je crois au débat démocratique. Je ne crois pas aux fausses unités, aux manières un peu cavalières de prendre tout le monde sur une même liste en en louant l’unité. L’union, ça n’est pas cela. Dans l’union, chacun garde son identité. Europe écologie ne va pas se dissoudre dans le parti socialiste. Nous le refusons. C’est une garantie pour la démocratie et c’est une garantie pour les Français. Ils veulent que les écologistes aient toute leur place dans le débat politique. Et nous aurons toute notre place dans le débat politique.

Vous avez certes une sensibilité différente, mais quelques points de divergence aussi ?

Bien sur. Prenons l’investissement sur les nanotechnologies à travers les pôles de compétitivité. C’est une question majeure ! Nous disons qu’il ne faut pas manipuler le vivant. Nous émettons des objections fondamentales qui touchent à notre éthique fondatrice. Nous ne pouvons pas signer un document qui propose d’aider les nanotechnologies sans garanties. Nous actons que nous sommes en désaccord. Cela ne veut pas dire qu’à côté, il n’y a pas de grands points d’accord. La partenariat et le travail en commun ne peut pas se faire si l’on se cache les désaccords respectifs. Il ne peut pas se faire dans la dissimulation et les dessous de table. Nous mettons sur la table le fait que pour nous, la gare d’Allan en Ardèche est une absurdité. Une nouvelle gare en rase-campagne, à côté de Montélimar, cela n’a aucun sens. C’est du gaspillage d’argent public. Nous mettons sur la table le fait que manipuler le vivant, à travers les OGM, n’est pas conforme à notre éthique. C’est un risque énorme pour chacun d’entre nous, et pour l’humanité toute entière. Nous disons la dessus garder nos positions, cela ne nous empêche pas de travailler ensemble à côté. Les écologistes ne se dissolvent pas et n’abandonnent pas leurs valeurs.

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4 commentaires
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Black Boulet le 20/03/2010 à 09:23

Alors que les écolos s'entendent avec les socialos pour prendre des places à la Région, au niveau communal et départemental les socialistes défendent becs et ongles avec des méthodes dignes de Sarko un projet inbécile de Rocade Nord. Trouvez l'erreur...

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JCM le 19/03/2010 à 19:15

J'espère que la sortie du nucléaire reste une volonté forte et affirmée D'EE

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Ecole écoloe le 19/03/2010 à 15:04

Le journaliste écrit en phonétique : ne pas lire "des parts dans les affaires" mais des parts dans les SAFER Société d'aménagement du foncier et de l'espace rural.

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Le Mal Aimé le 19/03/2010 à 08:50

Les Verts abandonnent les électeurs qui leur ont fait confiance en votant pour eux en s'associant de façon si radical avec le PS. Pour moi, les verts, on perdu mon vote

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