Le témoignage d’un Lyonnais au Japon

Le témoignage d’un Lyonnais au Japon

Loris, lyonnais expatrié d’une trentaine d’année qui travaille à l’export dans une société de textile, a décidé de quitter le Japon. Il y était pourtant installé depuis six ans, marié et prochainement papa. Mais la situation nucléaire, les injonctions répétées de sa famille et du gouvernement français le poussent à rentrer en France. « Pour deux semaines seulement », espère-t-il. Sans trop y croire pourtant, inquiet du manque d’éléments tangibles d’amélioration de la situation qui contraste confusément avec la placidité des Japonais. Interview.

Lyon Mag : Quel est la situation en ce moment au Japon ?
Loris :
Actuellement, elle est assez ambigüe. Le Japon a été frappé par trois catastrophes : le tremblement de terre, le tsunami et les évènements qui touchent plusieurs centrales nucléaires. La population japonaise réagit avec beaucoup de calme. Je ne sais pas si cela est dû au sang-froid ou à l’ignorance. Mais il y a une grande  différence entre la réaction des autochtones et des étrangers au Japon.

A quoi attribuez-vous cela ?
Les informations japonaises se montrent assez optimistes, se contredisent parfois. La population fait confiance à son gouvernement. Mais demeurent beaucoup de contradictions. Pourtant, l’inquiétude semble ne pas se répandre. La population japonaise est très calme, il n’y a aucun mouvement de panique, alors que beaucoup d’étrangers ont déjà mis les voiles. Les réactions sont très contrastées.

« Ma famille française met la pression pour nous faire rentrer »


Où vous trouvez-vous actuellement ?
Je suis normalement basé à Tokyo. Je suis marié à une Japonaise, qui est enceinte. J’ai préféré, par mesure de précaution, m’éloigner de Tokyo. Je me suis réfugié à Osaka. Au vu de la tournure que prennent les évènements, j’ai décidé de rentrer en France.

C’était la meilleure solution pour vous ?
Pas forcément, ma femme étant Japonaise. Toute sa famille est sur place. Il est difficile pour elle de les quitter. Ma famille française met la pression pour nous faire rentrer. Le gouvernement nous incite également a quitter la région de Tokyo. Par mesure de précaution, je ne peux risquer aucun désagrément avec ma femme enceinte. Je préfère rentrer en France.

Quand rentrez-vous ?

Je rentre vendredi avec l’un des avions affrété par la France.

La décision fut difficile à prendre ?

J’ai la chance d’avoir un patron très compréhensif qui m’autorise à prendre cette décision plus facilement. Je peux continuer l’activité par internet. Même si mes collègues ne comprennent pas vraiment l’urgence avec laquelle je quitte le pays.
Nous avons par contre quitté Tokyo les mains dans les poches, en catastrophe. Mais nous partons pour revenir dans une futur très proche. Pour l’instant la santé prime. Ce qu’on laisse derrière nous n’est pas un gros souci. Mais nous comptons rentrer au Japon sous deux semaines.

« Faire la part des choses entre la communication politique, économique et les faits avérés »


Avez-vous des éléments qui vous laissent croire que vous pourrez rentrer si vite ?

Non, c’est un souhait personnel. C’est un mélange de foi en la capacité des Japonais à résoudre le problème et le fait que cette situation, à mon sens, ne pourrait pas durer plus longtemps.

En particulier concernant la menace nucléaire qui touche la centrale de Fukushima ?
J’espère qu’il réussiront à contenir cette menace. J’en suis persuadé. Le seul point sur lequel je doute concerne les informations que le gouvernement laisse filtrer à la population japonaise. On sent qu’il manoeuvre. Il donne l’impression de chercher des solutions sans en avoir vraiment. La situation est assez préoccupante.

En quoi les informations sont-elles confuses ?
Pour l’instant, tous les programmes de télévision sont arrêtés. Toutes les chaînes transmettent des bulletins d’information. Le Japon commence à peine à montrer des images en direct de la centrale nucléaire. Les premiers jours, quasiment aucune image ne filtrait. Ei si le gouvernement fait tout son possible pour calmer la population, il faut encore faire la part des choses entre la communication politique, économique et les faits avérés.

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