Philippe Meirieu : « Je ne comprends pas la position de Gérard Collomb »

Philippe Meirieu : « Je ne comprends pas la position de Gérard Collomb »
Philippe Meirieu - DR

Le vice-président du Conseil régional est revenu sur la polémique qui
secoue la gauche  depuis l’accord conclu entre les Verts et le PS mardi
soir : le partage des circonscriptions en vue des législatives de juin
2012. Celui qui est aussi président de l’assemblée fédérale des Verts
est intéressé au premier chef : sa candidature sur la 1e circonscription
du Rhône, désormais réservée aux Verts, contrarie au plus haut point
les plans de Gérard Collomb. Interview.

Lyon Mag : Sur quoi porte exactement l’accord conclu entre le PS et Europe écologie - Les Verts ?
Philippe Meirieu : C’est un accord de mandature, pas un accord de gouvernement. Nous ajustons nos positions sur un certain nombre de perspectives, dont celles du partage des circonscriptions entre nos différents candidats en vue des législatives de juin 2012. Cela ne nous engage pas en terme de participation à un gouvernement par exemple dans la mesure ou nous actons également un certain nombre de divergences sur lesquelles nous n’avons pas trouvé de terrain d’accord.

Vous faites un pas l’un vers l’autre en quelque sorte...
Pour le moment nous nous donnons des objectifs communs : battre la droite, réussir à rétablir les grands équilibres en matière financière, mais également économique et sociale. Nous voulons avancer vers la transformation écologique de la société à laquelle nous tenons. Mais nous observons que sur la question du nucléaire, en particulier sur l’EPR de Flamanville ou sur la question de certains grands équipements que nous jugeons inutiles ou trop coûteux, comme certains aéroports, nous ne sommes pas d’accord et nous n’avons pas la même analyse des choses.

Cela pourrait être rédhibitoire si jamais vous voulez un jour gouverner ensemble ?
Il y a de très larges convergences, avec de petits points de désaccord qui ne nous permettent pas aujourd’hui de signer un contrat de gouvernement commun en cas d’arrivée de la gauche au pouvoir, mais qui nous permettent de siéger ensemble dans une assemblée nationale dont nous espérons qu’elle sera à gauche.

Quand soumettrez-vous les termes de cet accord à vos militants ?
Le projet de mandature sera présenté ce week-end, le 19 et le 20 novembre. Il sera soumis à l’approbation des militants. S’ils l’acceptent, l’accord concernant les législatives pourra commencer à entrer en vigueur.

Justement il créé la polémique, particulièrement sur la 1e circonscription du Rhône à Lyon, réservée aux Verts, où vous êtes candidat à l’investiture, alors que Collomb soutient contre l'avis du PS son adjoint radical Thierry Braillard. Le cheminement en commun commence plutôt mal....
Non, ça ne démarre pas mal. Ce n’est pas facile. Un grand parti comme le PS gouverne la plupart des régions, a exercé les responsabilités les plus hautes de l’Etat à plusieurs reprises. Nous sommes un parti qui monte. Nous avons fait d’assez beaux pourcentages aux élections récentes. En Rhône-Alpes pour les régionales, la liste que je conduisais a fait 18%. Il y a deux partis qui cherchent leur position réciproque. Leur histoire commune évolue. Il faut que  chacun trouve sa place. Cela prendra un peu de temps. Cette histoire, c'est celle de la métaphore des hérissons : si l’on veut se réchauffer, parfois, on se pique. Il faut trouver la bonne distance. J’oeuvrerai pour qu’on la trouve.

En conférence de presse mercredi après-midi, Collomb était plutôt vent debout contre votre candidature...
Je ne comprends pas très bien la position de Gérard Collomb. C’est un homme que j’ai soutenu par le passé et que j’estime. Je crois que ses positions sont respectables sur toute une série de sujets. Nous pouvons travailler avec Gérard Collomb. Je ne comprends pas bien pourquoi il est vent debout contre cet accord national qui a pourtant été validé à une très large majorité par le bureau national du PS. Je pense que ce n’est qu’un soubresaut et que les choses vont rentrer dans l’ordre. Je pense que cet accord sera mis en oeuvre sans, qu’ici ou là, on en prenne ombrage. L’important c’est que nos électorats réciproques sentent que nous voulons travailler ensemble. Collomb est d’autant mieux placé pour vouloir cela qu’il a lui-même une majorité municipale dans laquelle sont présents les écologistes. Pourquoi pas à l’assemblée nationale ? Lyon donnerait un bel exemple si un écologiste, soutenu par le PS, remportait une circonscription contre la droite. Cela aurait de la gueule. Comme je sais que Gérard Collomb est attentif au rayonnement de Lyon, cela pourrait y contribuer.

Ne ressentez-vous pas une forme de crainte du maire de Lyon à vous voir arriver sur une circonscription très étendue, qui pourrait vous servir de tremplin pour les municipales de 2014 ?
Non, je ne pense pas. J’espère que non. Nous ne sommes pas en train de mélanger les élections. Nous sommes dans un cadre qui est celui des élections législatives, qui sont nationales. Elles n’ont rien  à voir avec les municipales qui se jouent sur un tout autre registre. Je crois qu’il s’agit d’un malentendu. Je pense que Gérard Collomb aurait souhaité que je prenne contact avec lui avant. Mais je ne peux pas le faire, je ne suis pas encore investi. Je crois qu’il faut que Gérard Collomb sache que si j’avais pris l’initiative d’un contact alors que je ne suis pas investi par mon mouvement, j’aurai tout de suite été perçu comme illégitime. Attendons que je sois investi, si je le suis, prenons le temps que les choses s’apaisent, et ne mélangeons pas la question des municipales avec celle des législatives.

Existe-t-il un casus belli entre Gérard Collomb et Philippe Meirieu ?
Pas de mon côté en tout cas. Je n’ai jamais attaqué Gérard Collomb d’aucune manière. Nous avons quelques désaccords. C’est normal, nous serions sinon dans le même parti. Mais ce n’est en aucun cas ce que vous appelez un casus belli.

Si vous êtes éliminé au premier tour et que Thierry Braillard se maintient pour le second, pratiquerez-vous le désistement républicain ?
Evidemment. Cela n’est pas seulement vrai pour cette circonscription. Les écologistes ont toujours pris leurs responsabilités dans ce domaine, et ne pendrons jamais la responsabilité de faire passer la droite.

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6 commentaires
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Romain le 14/12/2011 à 14:06
jm a écrit le 14/12/2011 à 00h03

Les verts sont des socialistes comme les autres en un peu moins corrompus.

Le "un peu moins" laisse penser que les Verts le sont beaucoup.

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jm le 14/12/2011 à 00:03

Les verts sont des socialistes comme les autres en un peu moins corrompus.

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anti-khmer rose le 13/12/2011 à 22:06

Philippe MEYRIEU est un homme intègre,
c'est rare dans la sphère lyonnaise
et ça surprend les citoyens qui sont habitués à tant de mégalomanie ambiante choquante en ces temps de serrage de ceintures

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LOIRE 2012 le 13/12/2011 à 18:34

MEYRIEU a acheté une cravatte pour les législatives

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toctoc le 16/11/2011 à 23:45

meirieu c'est la première fois que je te trouve bon braillard avait toutes ces chances face a un havard affaibli et mauvais. mais grace a toi le voila de nouveau ds la course

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momo0469 le 16/11/2011 à 23:25

Non ! Les écologistes ne pratiquent pas le désistement républicain. La preuve aux dernières élections cantonales à Lyon Croix Rousse et à Villeurbanne, où, arrivés en 2nde position derrière le PS, ils ont laissé la droite arbitrer en se maintenant au 2ème tour.

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