Philippe Barbarin, archevêque de Lyon : "Je pars pour Rome le 1er mars"

Invité par le Club de la Presse mardi à répondre sur les diverses questions d’actualité, le cardinal Barbarin est revenu sur la démission surprise de Benoit XVI et ce qu’elle provoque chez lui.
"Un peu d’admiration. C'est-à-dire que c’est une décision de sagesse, de courage. C’est une décision humble aussi, on n’est pas du tout accroché aux fonctions. Quand on ne la remplit plus, on s’en va. Et puis je trouve que c’est une décision très libre. Ca caractérise son pontificat, c’est un homme de grande liberté, il n’a pas du tout été pape comme Jean-Paul II et il avait le droit. Il veut s’en aller, il s’en va."

Les fidèles, les membres du diocèse de Lyon, quelles ont été leurs réactions ?
"Je crois que tout le monde a été très surpris. Mais en même temps ca correspond bien à sa personne. C’est pour ça qu’on est à la fois surpris et pas surpris. Surpris parce que vraiment si on nous en avait parlé la veille on ne s’y attendait pas du tout. Moi je l’ai vu fin novembre, je lui ai demandé s’il allait bien et il m’a répondu "Pour un homme de mon âge, faut pas que je me plaigne quand même". Mais c’est vrai que pour un homme de 86 ans, avec les activités qu’il a, l’intelligence qui marche toujours aussi bien, il était nettement plus fatigué physiquement qu’avant."

Le Primat des Gaules fait partie des 118 cardinaux qui vont élire le futur pape.
"On recevra des instructions de ceux qui organisent le conclave. A priori, sans que l’on m’ait donné de consignes, je pense que je m’envolerai pour Rome le 1er mars, dès que Benoît XVI aura fini son mandat. Je voudrais célébrer le 28 au soir une messe d’action de grâce et de remerciement en chantant à 20h un magnificat pour dire merci à Dieu du beau pontificat de Benoit XVI avec tout ce qu’il nous a apporté comme lumière. Et puis le lendemain je m’envole pour Rome et on commence les congrégations générales qui doivent durer entre deux et trois semaines. Et puis après on est enfermé dans le conclave."

Comment se déroule un conclave ?
"Les discussions ne sont pas âpres. Il y a beaucoup d’informations, où en l’Eglise aujourd’hui, où on en est en Afrique, en Asie, en Chine. Donc c’est plutôt de grandes discussions sur ce qu’il nous paraît être de grands enjeux.
Après, il y a beaucoup d’électeurs mais peu d’éligibles. On peut élire quelqu’un qui n’est pas dans les électeurs. Ce serait assez difficile évidemment mais c’est possible."

Quel profil doit avoir le nouveau pape ?
"Je pense qu’il faut que ce soit quelqu’un qui soit solide, qui soit complètement greffé sur le Christ. La première condition, c’est qu’il faut que ce soit un Saint. Le conseil de Vatican II dit "il y a un appel universel à la sainteté pour tous les baptisés". Donc premièrement pour le pape quoi.
Après il aura les qualités humaines qu’il a. Ca peut être un géant comme l’était Jean-Paul II, ca peut être un bon pasteur comme l’était Jean XXIII, ca peut être un super grand théologien comme l’était Benoit XVI. Ou ca peut être un super rien du tout, on n’est pas obligé d’être super pour être pape. C’est pas la masse, c’est la quantité des qualités humaines qui compte. Il faut être prêt à remplir cette fonction avec les qualités, les défauts et les limites que l’on a, que chacun a."

Benoit XVI l’a fait au mois de décembre, le nouveau pape devra-t-il réaffirmer la position de l’Eglise face au mariage gay ?
"C’est une évidence pour l’Eglise catholique. C’est à l’intérieur de la Bible, mais pas seulement. Chez les civilisations grecques, latines et chinoises, le mariage c’est l’union d’un homme et d’une femme. C’est pas quelque chose qu’un parlement peut changer."