Mercier et ses vice-présidents élus par une majorité divisée

Mercier et ses vice-présidents élus par une majorité divisée
Michel Mercier

Le président centriste du conseil général a été réélu sans surprise par les 29 élus UDF, UMP et radicaux. Mais sa majorité s’est divisée pour l’élection de ses vice-présidents. Avec un duel arbitré par la gauche.

La première séance du conseil général s’est déroulée jeudi 20 mars de 15h à 20h. En quatre actes.

1- Mercier facilement réélu
Michel Mercier a été réélu en moins d’un quart d’heure, président du conseil général avec 29 voix sur 54 alors que la majorité était fixée à 28. Aucun des 14 élus UDF, des 13 UMP et des 2 radicaux n’a donc manqué à l’appel malgré plusieurs jours de tractations tendues. La gauche ne totalisant que 25 voix, le PS a renoncé à présenter un candidat et a préféré voté blanc, espérant permettre à certains élus de droite d’exprimer leur désaccord avec Michel Mercier en les imitant. Une tactique qui n’a donc pas marché. Alors que le PC a présenté son candidat, le maire communiste de Givors Martial Passi, qui a pu compter sur les trois voix de son groupe.
En revanche, l’élection du nouvel exécutif du conseil général a été beaucoup plus laborieuse. Alors que la séance n’avait débutée que depuis une demi-heure, Michel Mercier a imposé une première suspension d’une heure car il n’avait pas encore réussi à se mettre d’accord avec Dominique Perben sur la répartition des vice-présidents. Les deux élus radicaux comptaient profiter de leur position d’arbitres entre l’UMP et l’UDF pour être tous les deux vice-présidents. Mais des vieilles rancœurs ont resurgi. Certains centristes ne voulaient pas de Bernard Fialaire, le maire de Belleville, parce qu’il n’avait pas hésité à prétendre à la succession de Mercier s’il était nommé au gouvernement, d’autres parce qu’ils le trouvent trop proche de l’UMP. En effet, ces deux élus radicaux siègaient jusque là au groupe centriste au conseil général mais leur parti est officiellement affilié à l’UMP. Et aujourd’hui, ils sont non inscrits. Alors que d’autres élus centristes s’opposaient plutôt au second radical, Daniel Pomeret, car ils lui reprochent de ne pas avoir soutenu la liste UDF lors des dernières élections sénatoriales. Du coup, cette première suspension de séance a duré finalement 1h30. Mais au retour, rien n’était encore réglé.

Dominique Perben
Dominique Perben
2- Barriol résiste à Perben
Sentant qu’il y avait une carte à jouer pour la gauche, Bernard Rivalta, le patron du groupe PS au conseil général, a exigé un vote nominatif sur chacune des 15 vice-présidences. Du coup, Mercier a ouvert le code électoral en expliquant que cela imposait de laisser passer un nouveau délai d’une heure pour recevoir les candidatures. Comme son opposant ne semblait pas convaincu, le président du conseil général a carrément fait distribuer une copie de ce fameux code aux élus... Cette nouvelle suspension de séance a là encore duré plus que prévu, signe des tensions dans la nouvelle majorité de Mercier. Finalement, ce dernier a accepté de prendre les deux élus radicaux à condition que l’UMP écarte l’un des siens pour libérer une place. Dominique Perben a décidé d’écarter Georges Barriol, le conseiller général UMP de Vaugneray, élu depuis 1982. Du coup, Barriol a claqué la porte de ces négociations et il est venu seul se rasseoir sur les bancs du conseil général, aussitôt entouré d’élus de gauche...
Du côté du PS, deux tendances s’opposaient. Certains élus voulaient présenter des candidats à chaque poste de vice-président pour éventuellement profiter d’une division à droite. D’autres estimaient que cela n’avait aucun sens car le PS ayant choisi de ne pas faire partie de l’exécutif UDF-UMP de Mercier, un socialiste élu vice-président aurait dû aussitôt démissionner. Finalement, Bernard Rivalta a décidé de ne même pas prendre part au vote sauf pour arbitrer un duel interne à la majorité de Mercier.

3-La gauche en arbitre
La séance a donc repris à 19h. Et l’élection des 15 vice-présidents a alors étalé au grand jour les divisions de la nouvelle majorité de Mercier. Ainsi, 12 de ses vice-présidents ont été élus sans difficulté avec les 29 voix UDF, UMP et radicales. Notamment Dominique Perben qui a retrouvé son poste de vice-président. En revanche, les UMP Christophe Guilloteau et Georges Barriol se sont affrontés pour le douzième poste de vice-président. Au premier tour, Barriol a devancé son rival de deux voix, à 27 contre 25. Un second tour a été organisé car aucun des deux candidats n’avait obtenu la majorité fixée à 28 élus. Et cette fois, une partie des élus de droite et du centre, avec le soutien de la gauche, ont élu Barriol qui l’a emporté avec 33 voix contre 21. “Guilloteau, on n’oublie pas qu’il n’a pas été clair quand Millon a été réélu président de la région Rhône-Alpes avec les voix du FN en mars 1998”, expliquait un élu PS pour justifier son choix tout en soulignant que Barriol avait toujours travaillé “dans l’intérêt général”. Alors qu’un élu centriste expliquait avoir voté Barriol parce qu’il avait obtenu son siège au conseil général en prenant l’un des fiefs historiques de l’UDF tenus des années par le maire de Brignais Michel Thiers.

4-Guéguerre UDF-UMP
Mais l’UMP n’a pas voulu laisser passer l’affront et ses élus ont imposé un deuxième tour au radical Daniel Pomeret pour le treizième poste. Avec trois défections. Réplique immédiate des centristes qui ont fait de même pour Lionel Lassagne, un proche de Perben, élu en quinzième position juste avant 20h.
A noter que le PS a aussi montré son importance en faisant mieux élire Danièle Chuzeville, conseillère général d’Amplepuis, qui a eu 36 voix, contre 26 à 29 pour ses collègues.

Bref, cette séance mouvementée qui a duré cinq heures, dont trois heures de suspension de séance, est assez révélatrice de l’équilibre fragile que va devoir gérer Mercier. Alors que Gérard Collomb et Bernard Rivalta lui ont proposé une alliance en lui apportant leur 25 voix “pour le sauver de l’UMP”, ce qui lui aurait permis de constituer une majorité solide de 41 élus, il a préféré reconduire son alliance avec la droite qui lui a permis de gouverner depuis 18 ans.
Mais jusque là, il pouvait compter sur un groupe de 20 élus dont deux radicaux contre seulement 11 à l’UMP. Alors qu’aujourd’hui, il n’a plus que 14 centristes face à 13 UMP et deux radicaux imprévisibles. Il est donc à la merci des arbitrages du PS. Ce que relevait, amusé, Gérard Collomb le soir du second tour des cantonales : “Même si Mercier préfère l’UMP, il aura de toutes façons besoin de nous.”

Le nouvel exécutif du conseil général

Président : Michel Mercier UDF 61 ans (29 voix)
1er vice-président : Dominique Perben 62 ans UMP (29 voix)
2e vice-président : Jean-Luc da Passano 58 ans UDF (28 voix)
3e vice-présidente : Dominique Nachury 56 ans UMP (29 voix)
4e vice-président : Danielle Chuzeville 62 ans UDF (36 voix)
5e vice-président : Albéric de Lavernée 53 ans UMP (29 voix)
6e vice-président : François Baraduc 60 ans UDF (29 voix)
7e vice-président : Jean-Paul Delorme 63 ans UMP (29 voix)
8e vice-président : Raymond Durand 62 ans UMP-Nouveau centre (29 voix)
9e vice-président : Bernard Fialaire 50 ans Radical (29 voix)
10e vice-président : Michel Thien 66 ans UMP (29 voix)
11e vice-président : Paul Delorme 65 ans UDF (29 voix)
12e vice-président : Georges Barriol 68 ans UMP (33 voix)
13e vice-président : Daniel Pomeret 50 ans Radical (32 voix)
14e vice-président : Charles Bréchard 59 ans UDF (29 voix)
15e vice-président : Lionel Lassagne 39 ans UMP (28 voix)

Le conseil général compte 54 élus : 21 PS, 1 Vert, 14 UMP, 13 UDF, 3 PC et 2 radicaux. La plus jeune : Sandrine Runel (PS) 28 ans. La plus âgée : Jacqueline Vottero (PS) 74 ans.
Moyenne d’âge : ensemble de l’assemblée : 54 ans contre 55 ans auparavant. Exécutif : 58,4 ans. Groupes UMP : 60 ans, UDF : 55 ans, PC : 53 ans, Non inscrit (radicaux) : 50 ans, PS-Verts : 47 ans. Femme : 9 contre 10 avant pour l’assemblée élue en 2004.

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