Pourquoi Warnaco a vendu Lejaby ?
Janine Caillot : Pour se restructurer et récupérer un maximum d’argent. Car de toute façon, ce groupe américain spécialisé notamment dans les maillots de bains ne s’intéressait pas à Lejaby, une activité marginale pour eux. D’ailleurs, au cours des dix dernières années, ils n’ont pas investi pour moderniser l’outil de production. Bien au contraire. On vivotait...
Mais Lejaby perdait de l’argent !
Pas du tout. Lejaby a toujours été rentable ! Mais dès le départ, l’ambition de Warnaco a été de délocaliser la production de lingerie en Tunisie. Pour gagner encore plus d’argent. Résultat, on est passé de 70 % de la production en France à seulement 30 %. Et le groupe américain a fermé plusieurs sites : Vienne, Beynost, Firminy... Du coup, on est passé de 1100 à 700 salariés. Une véritable casse sociale. Même si on a réussi à négocier un plan social pas trop mauvais.
Mais Warnaco a justifié ces restructurations par ses difficultés financières !
Oui, mais c’est Warnaco qui connaissait des difficultés, pas Lejaby ! D’ailleurs, en 2001, le groupe qui était surendetté et sans stratégie cohérente a été placé sous la protection de la loi des faillites américaines. Mais c’est nous, Lejaby, qui avons payé les mauvais résultats de cette multinationale ! Ce qui a été très mal vécu par les salariés. En plus, on avait très peu d’informations car Warnaco n’avait pas une culture de la transparence.
Les perspectives de Lejaby aujourd’hui ?
On vient d’être rachetés par Palmers, un groupe autrichien spécialisé dans la lingerie. Le côté positif, c’est que cette entreprise industrielle connait notre métier et qu’elle a plusieurs centaines de boutiques en propre. Le problème, c’est qu’elle ne fabrique rien en Europe. Du coup, on n’a aucune garantie sur l’emploi. De plus, on craint que ce groupe ne nous rachète que pour utiliser nos réseaux et s’implanter en Europe. Ce qui serait une nouvelle déception après dix années d’incertitudes.