A Lyon, François Hollande joue les rassembleurs

A Lyon, François Hollande joue les rassembleurs

François Hollande était mercredi soir au Transbordeur à Villeurbanne pour son meeting de campagne dans le cadre des Primaires socialistes. En terrain conquis, le candidat corrézien a déroulé pendant près d’une heure son discours devant près de 1 800 spectateurs. Dans la posture du rassembleur, il n’a jamais égratigné ses concurrents socialistes, privilégiant la cible Sarkozy.



« Je ne dirai rien dans cette Primaire qui puisse être utilisé demain par nos adversaires de droite. » La maxime de François Hollande pourrait être érigée en morale universelle de ses soutiens. Il l’a d’ailleurs répété en fin de discours mercredi au Transbordeur. Pas une attaque contre Aubry et Royal, pourtant particulièrement acerbes ces derniers jours à l’encontre du candidat.
Il flottait mercredi comme un parfum de campagne présidentielle dans le propos du Corrézien. Déjà. Comme si l’étape des Primaires n’était qu’une formalité. Ce n’est pas que François Hollande se berce des sondages très favorables à son encontre. Loin de là. « Que valent les enquêtes d’opinions qui me placent dans une position favorable, s’interroge-t-il dans son propos liminaire. Je n’en sais rien. Je ne m’en plains pas, mais en même temps comment vérifier ? », recadre-t-il.
Car le candidat comme ses supporters le savent bien : c’est le nombre de votants aux Primaires qui fera la différence.  « On me dit qu’il y a 15% du corps électoral qui est prêt à voter pour les Primaires, souligne-t-il. Je n’en crois rien. Six millions de votants, c’est presque deux fois plus que ce que le PS a été capable de mobiliser aux dernières élections européennes », rappelle-t-il, comme un avertissement aux optimistes forcenés.
Gérard Collomb ne s’y trompe d’ailleurs pas quand, au pupitre dans son discours d’introduction, il appelle l’ensemble des concitoyens à saisir « le droit qu’ils ont a désigner le candidat de la gauche. » Là est l’enjeu.
Mais tout dans la posture, dans l’intonation, dans la théâtralité du candidat Hollande fait autorité. Il faudra pourtant passer sous les fourches caudines de la Primaire socialiste les 9 et 16 octobre prochains.

Sarkozy chahuté et moqué

L’adversaire désigné ? Nicolas Sarkozy. Raillé, pour commencer. « Sarkozy a fatigué les Français à un point dont il n’a pas idée », explique Hollande, qui s’étonne a dessein - et au troisième degré - de ne plus voir celui qui fut baptisé au début de son mandat l’omniprésident vampiriser les médias. « Il l’a compris, depuis quelques temps, il se tait », ironise-t-il.
Sur le rétropédalage du président de la République concernant les niches fiscales, Hollande ne fait pas plus tendre. « Le sens de la politique de Sarkozy n’a pas été le bling-bling, mais le zig-zag. » Et pour le Corrézien d’étayer sur l’appel à l’impôts lancé par  Pierre Bergé : « Quand les plus fortunés demandent à payer plus d’impôt, c’est que quelque chose s’est produit. » Dans l’assemblée, on savoure.
Moins sur le bon mot par la suite, Hollande reproche à Sarkozy son manque de fermeté face à Angela Merkel sur la question des euro-obligations, garde-fou contre contre la spéculation des marchés sur la dette des Etats. « D’un coup, Nicolas Sarkozy a décidé que les eurobonds n’étaient plus un bon argument », regrette-t-il. Une position partagée par Manuel Valls.
La dernière pique à l’encontre du Président concerne l’annonce faite par ce dernier sur la construction de 30 000 places de prison supplémentaires. « Veut-on une jeunesse emprisonnée ou éduquée, interroge-t-il. J’ai fait mon choix. » Salve d’applaudissement du côté des 1800 spectateurs.
L’argumentaire s’harmonise parfaitement avec les rumeurs qui frappent la République. Hollande y saupoudre savamment une pincée de suspicion. Les révélations de l’avocat Robert Bourgi, l’entremetteur présumé des relations de la françafrique  - jugées « incestueuses » par Hollande - viennent appuyer le propos. « Nous sommes aujourd’hui dans le monde glauque des intermédiaires, des gens qui servent à faire passer des valises de commissions entre deux pays », ajoute-t-il sciemment, avec une certaine dose de pathos.

Hausse d’impôt pour les plus fortunés et réponse européenne à la crise

La noirceur du tableau dépeint par Hollande lui permet d’attaquer sur la partie projet de son programme. « Le risque, ce n’est pas le changement, c’est la continuité », appuie-t-il, comme pour porter le coup de grâce au Président. Mais le candidat n’annonce pas pour autant des lendemains qui chantent. « Nous ne devons pas être élus par incantation, par un besoin de changement, prévient-il. Notre devoir, c’est de dire la vérité. » Et il l’assure, « la crise ne va pas disparaitre avec Nicolas Sarkozy. »
C’est donc à l’échelle de l’Europe qu’Hollande souhaite agir. « La démocratie est plus forte que les marchés, tente-t-il de rassurer. Et la réponse doit être portée au niveau européen avec un gouvernement économique. »  Pas de règle d’or en vue au niveau national pour le Corrézien. « Personne ne peut imaginer qu’il suffirait de modifier la Constitution pour que les déficits disparaissent », moque-t-il. « Plus de prêts aux banques sans contrepartie », prévient-il également. Sous Hollande, quand l’Etat prête, il participe au capital des banques. Un point commun avec Royal.
Le candidat, qui préfère « un cap » à la « règle d’or » a déjà défini le sien. Et il passera par la sollicitation fiscale auprès des plus fortunés. « Il faut que ceux qui ont le plus soit amenés à participer le plus à l’effort qui va être engagé. » Hollande donne dans la litote pour évoquer la hausse d’impôt, mais ne se défausse pas pour autant. « Essayez donc de gagner une campagne en annonçant la hausse des impôts », s’amuse-t-il. Au pupitre, Hollande s’agite et halète. Il donne corps à cette notion d’effort.

Jeunesse et éducation : « La grande affaire de ce prochain quinquennat »

Ce cap si déterminant pour 2012, l’ancien premier secrétaire du PS l’a fixé sur la jeunesse. Et sur les outils éducatifs nécessaires à son émancipation. « La jeunesse sera la grande cause de l’élection présidentielle, et l’éducation la grande affaire de ce prochain quinquennat », prévoit-il.
C’est sur ces questions qu’il veut porter son action. « 150 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans diplôme, peste-t-il. On a abandonné les RASED pour les élèves les plus en difficultés. »
Sa première mesure : réhabiliter les postes supprimés dans l’éducation nationale. « Il faut arrêter l’hémorragie, tranche-t-il. Nous réhabiliterons les postes dans la formation. Et une réforme structurelle accompagnera notre engagement financier. » Un choix qui représente un coût annuel de 500 millions d’euros, pour gagner en quantité et en qualité, alors que la création de 30 000 places de prison souhaitée par Sarkozy représente, selon les chiffres annoncés par le candidat, « trois milliard d’euros d’investissement pour un milliard d’euros de coût de fonctionnement. » L’exemple doit appuyer sur l’idée du choix de société, argument omniprésent dans les campagnes présidentielles.
En attendant de se frotter au sortant, c’est face à ses cinq concurrents que François Hollande se retrouvera jeudi soir sur France 2, pour le premier débat  télévisé entre candidats aux Primaires socialistes. Et a trop jouer la posture du rassembleur, il ne faudrait pas que le frein qu’il ronge pour ne pas répondre aux attaques de ses camarades ne le ralentisse dans la bataille pour l’investiture, malgré des voyants uniformément au vert.

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1 commentaire
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marie le 15/09/2011 à 16:28

F.Hollande a 1 qualité : son humour mais c'est insiffisant pour devenir président !

Secrétaire du ps : il n'a rien fait pour rénover le ps, il a protégé ses amis (DSK, Guérini....) soutenu des pseudo socialistes ( Kouchner, Lang...) et évidemment n'a jamais remis en cause le cumul des mandats...

Par manque de courage, il s'affiche comme ''socialiste'' alors qu'il est ''social-démocrate'' = 1 libéral légeremment teinté de rose.


Avec lui, c'est donc : immobilisme, petit copinage, manque de courage pour prendre les décisions, cumul des mandats....

Pas étonnant alors que G.Collomb le soutienne !

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