« Je ne dirai rien dans cette Primaire qui puisse être utilisé demain
par nos adversaires de droite. » La maxime de François Hollande pourrait
être érigée en morale universelle de ses soutiens. Il l’a d’ailleurs
répété en fin de discours mercredi au Transbordeur. Pas une attaque
contre Aubry et Royal, pourtant particulièrement acerbes ces derniers
jours à l’encontre du candidat.
Il flottait mercredi comme un parfum de campagne présidentielle dans le
propos du Corrézien. Déjà. Comme si l’étape des Primaires n’était qu’une
formalité. Ce n’est pas que François Hollande se berce des sondages
très favorables à son encontre. Loin de là. « Que valent les enquêtes
d’opinions qui me placent dans une position favorable, s’interroge-t-il
dans son propos liminaire. Je n’en sais rien. Je ne m’en plains pas,
mais en même temps comment vérifier ? », recadre-t-il.
Car le candidat comme ses supporters le savent bien : c’est le nombre de
votants aux Primaires qui fera la différence. « On me dit qu’il y a
15% du corps électoral qui est prêt à voter pour les Primaires,
souligne-t-il. Je n’en crois rien. Six millions de votants, c’est
presque deux fois plus que ce que le PS a été capable de mobiliser aux
dernières élections européennes », rappelle-t-il, comme un avertissement
aux optimistes forcenés.
Gérard Collomb ne s’y trompe d’ailleurs pas quand, au pupitre dans son
discours d’introduction, il appelle l’ensemble des concitoyens à saisir «
le droit qu’ils ont a désigner le candidat de la gauche. » Là est
l’enjeu.
Mais tout dans la posture, dans l’intonation, dans la théâtralité du
candidat Hollande fait autorité. Il faudra pourtant passer sous les
fourches caudines de la Primaire socialiste les 9 et 16 octobre
prochains.
Sarkozy chahuté et moqué
L’adversaire désigné ? Nicolas Sarkozy. Raillé, pour commencer. «
Sarkozy a fatigué les Français à un point dont il n’a pas idée »,
explique Hollande, qui s’étonne a dessein - et au troisième degré - de
ne plus voir celui qui fut baptisé au début de son mandat
l’omniprésident vampiriser les médias. « Il l’a compris, depuis quelques
temps, il se tait », ironise-t-il.
Sur le rétropédalage du président de la République concernant les niches
fiscales, Hollande ne fait pas plus tendre. « Le sens de la politique
de Sarkozy n’a pas été le bling-bling, mais le zig-zag. » Et pour le
Corrézien d’étayer sur l’appel à l’impôts lancé par Pierre Bergé : «
Quand les plus fortunés demandent à payer plus d’impôt, c’est que
quelque chose s’est produit. » Dans l’assemblée, on savoure.
Moins sur le bon mot par la suite, Hollande reproche à Sarkozy son
manque de fermeté face à Angela Merkel sur la question des
euro-obligations, garde-fou contre contre la spéculation des marchés sur
la dette des Etats. « D’un coup, Nicolas Sarkozy a décidé que les
eurobonds n’étaient plus un bon argument », regrette-t-il. Une position
partagée par Manuel Valls.
La dernière pique à l’encontre du Président concerne l’annonce faite par
ce dernier sur la construction de 30 000 places de prison
supplémentaires. « Veut-on une jeunesse emprisonnée ou éduquée,
interroge-t-il. J’ai fait mon choix. » Salve d’applaudissement du côté
des 1800 spectateurs.
L’argumentaire s’harmonise parfaitement avec les rumeurs qui frappent la
République. Hollande y saupoudre savamment une pincée de suspicion. Les
révélations de l’avocat Robert Bourgi, l’entremetteur présumé des
relations de la françafrique - jugées « incestueuses » par Hollande -
viennent appuyer le propos. « Nous sommes aujourd’hui dans le monde
glauque des intermédiaires, des gens qui servent à faire passer des
valises de commissions entre deux pays », ajoute-t-il sciemment, avec
une certaine dose de pathos.
Hausse d’impôt pour les plus fortunés et réponse européenne à la crise
La noirceur du tableau dépeint par Hollande lui permet d’attaquer sur la
partie projet de son programme. « Le risque, ce n’est pas le
changement, c’est la continuité », appuie-t-il, comme pour porter le
coup de grâce au Président. Mais le candidat n’annonce pas pour autant
des lendemains qui chantent. « Nous ne devons pas être élus par
incantation, par un besoin de changement, prévient-il. Notre devoir,
c’est de dire la vérité. » Et il l’assure, « la crise ne va pas
disparaitre avec Nicolas Sarkozy. »
C’est donc à l’échelle de l’Europe qu’Hollande souhaite agir. « La
démocratie est plus forte que les marchés, tente-t-il de rassurer. Et la
réponse doit être portée au niveau européen avec un gouvernement
économique. » Pas de règle d’or en vue au niveau national pour le
Corrézien. « Personne ne peut imaginer qu’il suffirait de modifier la
Constitution pour que les déficits disparaissent », moque-t-il. « Plus
de prêts aux banques sans contrepartie », prévient-il également. Sous
Hollande, quand l’Etat prête, il participe au capital des banques. Un
point commun avec Royal.
Le candidat, qui préfère « un cap » à la « règle d’or » a déjà défini le
sien. Et il passera par la sollicitation fiscale auprès des plus
fortunés. « Il faut que ceux qui ont le plus soit amenés à participer le
plus à l’effort qui va être engagé. » Hollande donne dans la litote
pour évoquer la hausse d’impôt, mais ne se défausse pas pour autant. «
Essayez donc de gagner une campagne en annonçant la hausse des impôts »,
s’amuse-t-il. Au pupitre, Hollande s’agite et halète. Il donne corps à
cette notion d’effort.
Jeunesse et éducation : « La grande affaire de ce prochain quinquennat »
Ce cap si déterminant pour 2012, l’ancien premier secrétaire du PS l’a
fixé sur la jeunesse. Et sur les outils éducatifs nécessaires à son
émancipation. « La jeunesse sera la grande cause de l’élection
présidentielle, et l’éducation la grande affaire de ce prochain
quinquennat », prévoit-il.
C’est sur ces questions qu’il veut porter son action. « 150 000 jeunes
sortent chaque année du système éducatif sans diplôme, peste-t-il. On a
abandonné les RASED pour les élèves les plus en difficultés. »
Sa première mesure : réhabiliter les postes supprimés dans l’éducation
nationale. « Il faut arrêter l’hémorragie, tranche-t-il. Nous
réhabiliterons les postes dans la formation. Et une réforme structurelle
accompagnera notre engagement financier. » Un choix qui représente un
coût annuel de 500 millions d’euros, pour gagner en quantité et en
qualité, alors que la création de 30 000 places de prison souhaitée par
Sarkozy représente, selon les chiffres annoncés par le candidat, « trois
milliard d’euros d’investissement pour un milliard d’euros de coût de
fonctionnement. » L’exemple doit appuyer sur l’idée du choix de société,
argument omniprésent dans les campagnes présidentielles.
En attendant de se frotter au sortant, c’est face à ses cinq concurrents
que François Hollande se retrouvera jeudi soir sur France 2, pour le
premier débat télévisé entre candidats aux Primaires socialistes. Et a
trop jouer la posture du rassembleur, il ne faudrait pas que le frein
qu’il ronge pour ne pas répondre aux attaques de ses camarades ne le
ralentisse dans la bataille pour l’investiture, malgré des voyants
uniformément au vert.
F.Hollande a 1 qualité : son humour mais c'est insiffisant pour devenir président !
Signaler RépondreSecrétaire du ps : il n'a rien fait pour rénover le ps, il a protégé ses amis (DSK, Guérini....) soutenu des pseudo socialistes ( Kouchner, Lang...) et évidemment n'a jamais remis en cause le cumul des mandats...
Par manque de courage, il s'affiche comme ''socialiste'' alors qu'il est ''social-démocrate'' = 1 libéral légeremment teinté de rose.
Avec lui, c'est donc : immobilisme, petit copinage, manque de courage pour prendre les décisions, cumul des mandats....
Pas étonnant alors que G.Collomb le soutienne !