Lyon Mag : Comment s’est passé votre déplacement en Haïti ?
Nicolas Daviet : Nous avons pris des vols réguliers jusqu’à l’île de Curaçao, qui fait partie des Antilles hollandaise. De là, nous avons pu nous greffer à une équipe hollandaise qui partait sur site pour pouvoir attendre Haïti, les vols réguliers de l’île de Curaçao à Haïti étant supprimés.
Une fois sur place, comment cela s’est mis en place ?
Nous avons été rattaché à un détachement de pompiers guyanais. Une troisième équipe de pompiers niçois, tous maîtres-chiens, se sont greffés à nous.
Comment se sont passées vos journées ?
Les premiers jours, nous avons pris nos marques. Nous avons été logés à la résidence de l’ambassadeur français avec les secours, journalistes, policiers et gendarmes. Nous avons été rattachés au détachement de la Guyane. Chaque jour, nous nous sommes vus attribuer des chantiers, c’est à dire des sites de recherches, sur lesquels nous nous sommes déplacés avec nos collègues pour pouvoir effectuer des recherches de victimes. Notre médecin et infirmier ont réussi à trouver une clinique fermé, qu’ils ont réouvert au fil des jours. Ils ont réussi à la remettre en activité, en faisant de l’excellent travail, avec l’aide d’infirmiers et de médecins guyanais. Au moment de notre départ, la clinique comptait des médecins, des chirurgiens et de infirmiers.
Vous êtes venus en aide à un certain nombre de personnes sur place ?
Les médecins et infirmiers plus concrètement l’ont fait plus concrètement que nous. Ils ont dû traiter au moins 700 victimes. Nous les avons aidé au niveau de l’hôpital. Parallèlement à cela, nous avons effectué nos missions de recherche, où nous étions affectés au déblaiement.
Avez vous retrouvé des personnes vivantes ?
Malheureusement non. Les recherches n’ont pas permis de retrouver des êtres vivants. Nous avons, dès le premier jour, retrouvé le corps d’un policier canadien. Nous avons retrouvé beaucoup de corps sur toutes les parties où nous avons travaillé. Il y a des corps un peu partout. Nous étions dans le quartier du «canapé vert», et nous avons ensuite sillonné toute la ville suivant les chantiers affectés.
Comment se passait la communication entre sauveteurs de différents pays ?
L’aéroport est clairement géré par les américains. Nous avons ensuite été regroupés sur des campements. Tous les sauveteurs français étaient regroupés à la résidence de l’ambassadeur français. Nous avions, de fait, assez peu de contacts avec les sauveteurs étrangers car nous n’étions pas au même endroit. Nous les croisions par contre sur site, dans la rue, mais cela restait des contacts assez brefs.
Avez-vous ressenti, en tant que sauveteur, l’insécurité ambiante ?
Concrètement, nous n’avons pas ressenti l’insécurité. L’ordre était donné de se déplacer avec un militaire armé. Le fait de travailler avec un détachement guyanais, parlant très bien le créole, nous a beaucoup aidé. Quand nous arrivions sur site, la communication était beaucoup plus facile. Les gens nous ont accueillis avec le sourire. ils savaient qu’on était là pour les aider. Je pense que les français sont bien vus là-bas. Avec les guyanais, cela a facilité beaucoup la communication. Nous avons parfois entendu dans la rue des coups de feu, été les témoins de scène difficiles. Mais en tant que sauveteur, nous avons plus constaté l’insécurité que ressenti l’insécurité.
Comment va la population locale ?
Ce sont des gens très courageux et dignes. Ils ont déjà repris leur vie, et commencé à déblayer certains endroit. Ils sont évidemment pour certains abattus et tristes. Mais dans l’ensemble, la population est très courageuse. Ils ont encore besoin de beaucoup d’aide.
Port-au-Prince est très touché ?
La ville est ravagé. Dans les premiers jours, cela ressemblait d’ailleurs plus à une vision de chaos. Certes il y a encore des bâtiments debout, mais les grosses infrastructures sont touchées. La population manque d’eau, de nourriture, de médicaments. Ils sont bien touchés.
Avez-vous pu assurer vos besoins en nourriture, en eau ?
Nous allions là-bas pour aider. Donc peu manger ou peu s’hydrater est anecdotique pour nous. Quand on voit le désarroi de la population, nous sommes là pour eux avant tout. Nous ne sommes pas en mesure de nous plaindre .
Quels souvenirs gardez-vous ?
C’est une leçon de vie. Quand on voit le courage de la population, cela apprend à relativiser nos malheurs. Nous avons pris une leçon d’optimisme de la part des autochtones.
Vous n’avez eu aucun moment de désespoir ?
Non. Le fait de pouvoir les aider est déjà encourageant. Et quand on voit que cela porte ses fruits, que l’on peut apporter du sourire aux gens, à travers une aide physique ou morale, cela fait vraiment plaisir. Nous étions là-bas pour ça et nous sommes ravis d’avoir pu les aider. L’association a d’ailleurs envoyé une autre équipe sur le terrain. ils vont pouvoir continuer ce que nous avons fait pendant ces dix jours.