Le Rhône ne sera pas un long fleuve tranquille pour Mercier

Le Rhône ne sera pas un long fleuve tranquille pour Mercier

Malgré un rapport de force qui ne change pas numériquement - 28 élus pour la majorité, 26 pour l’opposition - le président Michel Mercier devrait connaître une mandature assez mouvementée. L’opposition opiniâtre de Thierry Philip, l’arrivée des écologistes dans l’assemblée départementale et le franc-tireur Jean-Jacques David seront vraisemblablement les empêcheurs de tourner en rond de l’Hôtel du Département.

Jeudi 15h06. Jacqueline Vottero, doyenne socialiste du Conseil général, remplace un Michel Mercier dont le passage à la tribune est réduit l’énumération des nouveaux élus de l’assemblée départementale. L’exercice terminé, il n’est plus président du Conseil général du Rhône. Il revient maintenant à l’élue de Saint-Fons de prendre les commandes de cette séance d’installation. Mercier, simple élu, prend place au côté de Frédéric Miguet, élu du canton de Beaujeu, et voisin alphabétique du Garde des Sceaux.
Le discours liminaire de Vottero, qui suit l’appel nominal effectué par la secrétaire de séance et benjamine de l’hémicycle Sandrine Runel (PS), sonne comme un camouflet pour le maire de Thizy. « Aujourd’hui, l’opposition fait rentrer trois femmes dans cette assemblée, la majorité aucune » raille Vottero, d’une placide sévérité. Elle persiste. « Cela fera drôle à la majorité si un scrutin de liste, où la parité est obligatoire, doit un jour désigner les conseillers généraux », ironise-t-elle, avec ce calme qui caractérise les colères froides. Les futurs conseillers territoriaux, qui remplaceront en 2014 les conseillers généraux, seront pourtant  élus au scrutin uninominal à deux tours.
« Pour moi, le seuil de l’infranchissable a été dépassé », continue l’élu du canton de Saint-Fons. Une référence assumée au mutisme de Michel Mercier pendant l’entre-deux tours des Cantonales. Le centriste n’a en effet ni appelé à voter pour le PS, ni à voter contre le FN, laissant les électeurs aux tourments du libre-arbitre. « Je trouve intolérable d’avoir été mis dans le même sac que le FN » tempête-t-elle, terminant sur un note plus acide : « vous auriez sans doute espéré une intervention plus langue de bois... »
Une entrée en matière très politique, à laquelle Michel Mercier à évidemment répondu lors de son arrivée à la tribune une heure plus tard, fraîchement réélu depuis 16h19 - pour la huitième fois consécutive. « Chacun à sa façon de réagir, a convenu Mercier. Moi, je ne sais pas tellement faire des discours. J’ai toujours choisi les actes, et quand j’ai eu à prendre des décisions, je les ai prises » a contre attaqué l’élu thizerand. Anecdotique, puisque Jacqueline Vottero  a, par le discours, instillé la dose de vigilance, voire de défiance, qu’a su rattraper au vol Thierry Philip, rebondissant sur le discours « savoureux » de son affidée.



Philip n’est pas Rivalta

Candidat de l’opposition réunie au troisième tour du vote, Thierry Philip n’a pas retourné la majorité au profit d’une alliance dévoyée via le concours des Radicaux Valoisiens. Celui qui remplace Bernard Rivalta à la présidence du groupe d’opposition des socialistes et apparentés sera sans aucun doute bien plus pugnace que son prédécesseur. Fini les rapports de majorité et d’opposition convenus, où les faces à faces Mercier-Rivalta ressemblaient plus à des joutes verbales amusantes, les deux cadors votants souvent à l’unanimité les délibérations présentées par les différentes commissions.
« Permettez-moi de vous dire, Mr le Président, que votre absence de positionnement clair contre le FN m’a profondément attristé et choqué », expose Philip. Le propos a valeur d’incipit. S’en suit une diatribe contre les largesses du précédent exercice de Mercier à la tête du département. « Avec la suppression de la taxe professionnelle, les emprunts toxiques les plus de 200 millions d’euros de non compensation de l’Etat des différents transferts de compétence, il nous faudra trouver des marges de manoeuvre pour mener des politiques publiques ambitieuses », précise Thierry Philip.
Nul doute que ce dernier se fera plus cerbère qu’opposant de paille au ronronnement de l’institution. En ligne de mire : « l’emploi, l’insertion et le développement économique », mais également « un pacte agricole fort. » Le désormais président du groupe d’opposition assure qu’il soutiendra « tous les dossiers qui iront dans le sens d’un meilleur bouclier social », fort d’une légitimité « incontestable. » « Sur le Département du Rhône au soir du second tour, la gauche était en tête avec plus de 56% soit  90 000 voix, rappelle-t-il. Mais par le miracle du découpage électoral, vous êtes aujourd’hui majoritaire. » Rendez-vous le 29 avril pour la première séance du nouveau conseil général, où les socialistes présenteront, par l’intermédiaire de Bernard Chaverot, « un voeu pour interdire sur notre département toute exploration de gaz de schiste. »



L’intransigeance écologiste pourrait séduire sur la question du TOP et des accès au Grand Stade

Le sujet levé par les socialistes devrait emporter le concours des écologistes. Désormais groupe à part entière, il seront emmenés au Département par la conseillère général du canton de Lyon III Raymonde Poncet. Leur intransigeance risque toutefois d’être une épine dans le pied du la majorité Mercier. En particulier sur la question du tronçon ouest du périphérique, où ces derniers veulent faire sauter les alliances. « Nous verrons en fonction des délibérations afférentes à ce dossier, a déclaré Béatrice Vessiller. Mais nous sommes très isolés sur cette opposition, reconnait-elle. Selon les élus et les territoires qu’ils représentent, nous avons quelques collègues qui devraient nous rejoindre sur l’opposition au tronçon ouest du périphérique, notamment dans l’ouest lyonnais », prophétise-t-elle. Il se pourrait bien que sur cette question, la majorité tremble. Elle s’était en effet écharpée sur la question quasi-similaire du contournement de l’ouest lyonnais (COL) lors de la séance de novembre 2010. Et même si l’avis du Département n’est que consultatif sur ce projet, la majorité ne s’était pas épargnée une vraie dissonance - Christophe Guilloteau et Georges Barriol ne votant pas le tracé présenté -  qu’elle pourrait retrouver sur la question du TOP. Les écologistes n’hésiteront pas a attiser les particularismes des territoires sur les questions des grands aménagements routiers. Tributaire de la réalisation d’une bretelle d’accès au futur Grand Stade de l’OL, le sujet devrait également permettre aux écologistes d’emporter un plus large public que ses trois élus départementaux.



David a obtenu des garanties sur le musée des Confluences et sur la stabilité de l’impôt

Quid de Jean-Jacques David ? Ecrémé de l’exécutif départemental, le seul conseiller général Lyon Divers Droite a fait montre jeudi de sa détermination. Il a en effet empêché Michel Mercier d’être élu au premier tour, comme ce fût le cas lors des sept précédentes séances d’installation. A la tribune de la salle des délibérations, son adjoint à la mairie du 6e Thierry Mouillac et son chef Denis Broliquier ne lâchent pas les téléphones portables. On communique vraisemblablement entre les trois. « Surpris ? » lâchait retors Thierry Mouillac au sortir de l’Hôtel du Département. « Je voulais faire comprendre à Mr Mercier qu’il lui fallait quelqu’un de la droite indépendante dans son exécutif, explique-t-il. Je n’ai pas eu de vice-présidence, c’est un peu dommage. » Jean-Jacques David ne lâchera pas Mercier sur la question du Musée des Confluences. Il semble même qu’il ait obtenu des garanties concernant l’ouvrage. « Michel Mercier ne fera pas voter de nouvelles délibérations concernant le Musée des Confluences » se réjouit-il. Mais le maire Lyon Divers Droite du 6e arrondissement veut imposer également la stabilité de l’imposition. Une contrainte qui semble acquise pour la majorité et pour Mercier. « Il s’est engagé au même titre pour me dire qu’il n’y aurait pas d’augmentation des impôts » rassure-t-il.  Et si toutefois Mercier venait à ne pas honorer cette position, David aurait la possibilité de mettre à mal le vote des prochains budgets.
En effet, à 28 élus majoritaires contre 26 minoritaires, sa voix sera déterminante. Et s’il est amené à voter contre un budget présenté, il y aurait alors égalité parfaite. Un levier qui rappelle qu’à faible majorité, le blocage n’est jamais loin, et qu’il faudra à Michel Mercier beaucoup de pédagogie pour sortir des ornières potentielles qui se présentent pour cette dernière mandature avant la réforme territoriale de 2014.

La liste des quinze vice-présidents

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10 commentaires
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LILOU le 04/04/2011 à 10:47

Une place carnot ou le soir c'est un veritable coupe gorges, mandiants, Ivrognes, des espaces verts endommagées etc, la rue vistor hugo pas toujours propre un revetement au sol désué, la rue de la république, les pavés au sol qui se déscelles et ou on s'acroche et encore quant on ne tombe pas. les quais de saônes, pas ou très peu d'entretien sans parler des ivrognes qui squat les quais le soir venu. La place Bellecour un chantier permanent et une salle de spactacle a ciel ouvert, des que vient les beaux jour etc......

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DM le 03/04/2011 à 19:06

Comment JJ David peut se dire de droite ? - aux 2 premiers tours de l'élection du président du conseil général, alors que la majorité absolue est requise, il vote blanc. - au 3° tour, alors que la majorité relative suffit (il n'y a donc plus besoin de son vote), il décide de voter Mercier. En résumé, les millonistes, ils sont de droite, quand la droite n'a pas besoin d'eux...

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Aline Fauch le 02/04/2011 à 20:00

@Damien Brot Merci de préciser que vous ne vous exprimez pas en mon nom, je suis assez grande. @Absurde Expliquez-moi en quoi la Majorité départementale ne serait plus majoritaire ?

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Damien Brot le 02/04/2011 à 19:44

@absurde 1) Je dis que Jean Jacques David n'a rien obtenu 2) La Majorité départementale était à 27 élus. Les Socialistes à 20 Les verts à 3 Les communistes à 3 1 divers droite. Conclusion, la Majorité départementale est bien majoritaire.

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le lecteur fou de lyon mag le 02/04/2011 à 09:00

mercier comme a son habitude va foutre le bordel. tactique. pour niquer thierry il n'a qu'a faire plaisir aux deux nanas vertes. ce pauvre philip est comme son frère des 2eme couteaux christian bai... par perben et thierry par collomd et mercier. vous verrez !!!

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jerome manin le 02/04/2011 à 08:30

Un groupe d'élu sclérosé qui nous garantit que d'ici à 2014 à part le versement de leurs émoluments et leurs turpitudes extra-assemblée, il ne se passera rien.

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Absurde le 01/04/2011 à 23:21

@Aline : selon votre théorie la majorité départementale ne serait plus majoritaire... @DM : cela vous ennuie tant que ça que des femmes et des hommes politiques travaillent ensemble en toute confiance sans se tirer dessus ou glisser discrètement des peaux de bananes ?

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Aline Fauch le 01/04/2011 à 21:16

Michel Mercier a annoncé en février, lors d'une conférence de presse qu'il n'augmenterait pas les impôts. Le Musée des Confluences est lancé (et tant mieux) depuis que Vinci à repris le chantier. De qui se moque Jean-Jacques David ? Il n'a rien obtenu -alors que Broliquer faisait le siège du bureau de Mercier depuis Dimanche soir pour une Vice-présidence-, et ne fait, surtout pour les centristes, surtout pas partie de la majorité départementale.

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lion le 01/04/2011 à 19:56

je déplore le commentaire de DM .......je crois que DM devrait se remettre en question........mentalité dans les chaussettes..Aucune moralité....les électeurs du 6e ont voté un programme ....et peu importe il faut être bon compétiteur..pourquoi blâmer DAVID;;;IL mènera son arrdt très bien, voire mieux qu'une PERSONNE élue que l'on ne croise jamais pendant 3 ans. avalez une bonne fois votre VENIN....

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DM le 01/04/2011 à 18:14

La séance d'installation d'hier a permis de vérifier que M David n'était qu'un pantin de M Broliquier puisque ce dernier lui dictait ses votes par téléphone interposé. Les électeurs du 6° ont été bernés : ce n'est pas leur maire d'arrondissement qui est conseiller général mais le maire du 2°. Ça va être pratique pour défendre leurs intérêts... Une fois encore nous voyons le pouvoir de nuisances des millonistes : ils ne construisent pas et ne pensent qu'à détruire la droite et le centre à Lyon.

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