Lyon ma patrie

Lyon ma patrie
Romain Blachier

Bien sur, il y a le patriotisme national, celui de la France, celui
aussi de la République. Bien sûr, comme beaucoup d'autres, cette
patrie-là, je ne l'avais pas choisie au départ, je l'ai eu en naissance,
en bel héritage accepté de bon cœur. D'autres ont dû séduire et
conquérir pour entrer dans la famille, pour rentrer dans les souffles
parfois douteux, parfois glorieux de notre récit commun celle des pages
de Victor Hugo et des longs tourbillonnements de l'histoire passée et en
devenir.

Bien sûr il y a aussi l'Europe, notre futur. Un futur de rêve fédéral et social je l'espère. Ah l'Europe! Qu'il est bon pour faire partie du bal des faciles postures de la dénigrer. Il est vrai qu'elle donne le bâton pour se faire battre entre ses absences en Hongrie ou en Grèce. Faut-il pour cela abandonner le rêve européen ? On me permettra d'aborder cela de façon plus complète une autre fois. Aujourd'hui c'est de Lyon qu'il est question.

Ce Lyon qui perfuse même inconsciemment mon sentiment d'appartenance. Est-ce réellement par distraction ou étourderie quand, remplissant un formulaire d'entrée à Taïwan, j'y ajoutais naturellement la mention "Lyonnais" à la case "Nationalité" ?

Lyon.
 
Lyon mon pays, disait le lumineux André Mure reprenant la formule d'Henri Béraud.
 
Certes, à cette patrie il peut nous arriver d'être infidèles, d'avoir des yeux ailleurs, des tentations d'exils temporaires. Prenant tantôt pour maitresse de week-end ou d'échappée buissonnière l'amour de Londres, Douala ou Taipei. Mais sans jamais oublier la cité aimée.

Mais enfin quoi de plus normal dans ce patriotisme local, qui est à l'image de notre ville, ouvert sur le monde et ses innovations, loin des douteux enfermements folklorisants du conservatisme et du chauvinisme de bas étage.
O, combien le génial Félix Castan a comme toujours raison quand il dit : "On n'est pas le produit d'un sol, on est le produit de l'action que l'on y mène"
 Lyon est ainsi une sorte de petite nation, avec sa culture, ses expressions. Ses figures actuelles et passées. Elle a aussi des batailles, ses victoires et des défaites. Ses drames historiques avec l'exécution de Blandine dans le cirque romain. Ses face-à-face avec le reste de la France lorsqu'elle est assiégée puis massacrée sous la Révolution. Ses spécificités politiques comme lorsqu'elle vote massivement "oui" au traité constitutionnel en 2005 ou que la gauche évoque un modèle lyonnais de gouvernance locale.

Lyon a ses écrivains et ses peintres qui la célèbrent, en dressent les traits, en façonnent le récit, en dessinent les destins entremêlés. Peut-être lui manque-t-il par contre quelques chansons pour la célébrer. Il y en a peu. Mais, et on l'aurait oublié, elle a bien évidemment, c'est sans mauvais jeu de mot - presque une tarte à la crème, sa gastronomie, célébrée à juste titre jusqu'à plus soif, c'est bien le cas de le dire, dans les portraits façonnés par la presse nationale et d'ailleurs lorsqu'il s'agit de la dépeindre un peu partout en France et dans le monde. La différence en 2012, c'est que, à côté des recettes de quenelles et de gratons, ils parlent aussi et surtout de notre cité, de ses changements de cette dernière décennie, de sa beauté immémoriale mais aussi de l'énergie de tous ceux qui la façonnent. Chacun à leur façon. Faisant de tous les porteurs de cette belle idée qui porte un nom : Lyon.

Retrouvez d'autres billets de Romain Blachier sur son blog Lyonnitude(s).

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