Modem : Le grand malaise

Modem : Le grand malaise

Un mois à peine après son élection, Cyril Isaac-Sibille, le nouveau président départemental, est déjà très contesté. Son rival, Richard Morales, a décidé de saisir François Bayrou pour faire annuler le premier conseil départemental. Ambiance.

Après des élections municipales difficiles à Lyon où le Modem a éclaté en plusieurs clans, le parti de François Bayrou devait se doter d’une nouvelle direction départementale capable de ramener une certaine sérénité. C’était d’ailleurs la mission attribuée à Cyril Isaac-Sibille, un médecin ORL de Sainte-Foy, élu président face à Richard Morales, un pneumologue de Villeurbanne. Mais ça commence mal. Très mal même.
En effet, le premier conseil départemental, qui s’est tenu le 21 octobre dernier, a été mouvementé. Roland Crimier, maire de Saint-Genis-Laval et vice-président du Grand Lyon, avait pourtant pris soin d’organiser cette réunion dans sa commune avec un discours de circonstance appelant “à oublier les aigreurs de la campagne électorale”. Avant de passer la parole à Isaac-Sibille, secondé par Eric Lafond, le chef de file de la liste indépendante du Modem à Lyon au cours des dernières élections municipales qui lui a permis de battre Morales avec 56% des voix en septembre dernier. Une aide décisive qui lui vaut d’avoir obtenu un poste-clef de vice-président à la stratégie politique et à la communication.

Mais dès le début de cette réunion, plusieurs cadres du Modem ont contesté les conditions dans lesquelles ils avaient été convoqués. Car Laurent Ajdnik, un des deux vice-présidents, proche de Morales, n’avait lui-même pas reçu de convocation. Et il n’était pas le seul. 40 des 160 membres de ce conseil départemental étaient absents. Des proches d’Isaac-Sibille auraient-ils oublié les fidèles de Morales ? Niant toute manipulation, Isaac-Sibille va avouer s’être contenté de convocations par mail qui ne seraient donc pas toutes arrivées à leur destinataire. Mais les militants ont également manifesté leur agacement car il ne leur a laissé que 48h pour examiner les textes qu’il voulait leur soumettre, au lieu des 15 jours initialement prévus...

“Véritable mascarade”
Et les conflits vont se multiplier ce soir-là sur des points sensibles, surtout au Modem où les militants sont intraitables sur la démocratie interne. Exemple : Isaac-Sibille et Lafond ont voulu imposer que les responsables de chaque section locale du Modem soient désignés par le bureau départemental, où ils sont majoritaires. Alors que les militants tenaient à les élire. Et ils vont être une majorité, 72 à 61, à rejeter lcette proposition. Mais Isaac-Sibille va exiger de recompter. Toujours à main levée. Résultat : la proposition va être adoptée cette fois par 80 voix contre 72... Ce qui va provoquer la colère de Morales qui claquera la porte en dénonçant “une véritable mascarade”. Et il sera suivi par deux tiers des militants. Malgré les appels au calme de Crimier.
Aujourd’hui, Isaac-Sibille et ses proches refusent de commenter cette réunion car elle n’était pas publique. “C’est une réunion de famille ! Il y a quelques acariâtres qui n’ont pas encore digéré leur défaite mais nous, on avance !” explique Anne Pellet, la plus activiste des partisans du nouveau président.

Mais ce passage en force risque de laisser des traces. Loin de réconcilier son parti, Isaac-Sibille a braqué ses opposants. Pourtant, Morales avait évité de jouer au mauvais perdant en renonçant à déposer un recours après sa défaite en septembre dernier. Mais cette fois, il n’hésite plus. “Ce recours sera bientôt sur le bureau de François Bayrou et j’ai déjà des pages et des pages de signataires”, révèle ce médecin qui demande à Isaac-Sibille de “revoir sa copie” en convoquant un nouveau conseil départemental. Il faut dire que cela fait deux mois que ses partisans lui demandent de réagir. D’ailleurs, alors que Morales est resté silencieux dans les jours qui ont suivi cette réunion, un mystérieux groupe, Modem Agglo, a mailé à toute la presse un communiqué dénonçant “un conseil départemental divisé et illégitime” tout en réclamant son annulation. Vu son caractère anonyme, il n’a pas été pris au sérieux. Mais son auteur a accepté pour Lyon Mag de sortir de l’ombre. Il s’agit d’Azedine Hafar, responsable du Modem à Décines. “Les désignations, c’est bon pour le Front National. Au Modem, on veut élire nos responsables !”, s’emporte ce militant qui ne veut pas en rester là. “Modem Agglo, c’est un comité de vigilance démocratique qui fera encore parler de lui !”, annonce Hafar qui vise en particulier Eric Lafond dont il remet en cause la légitimité centriste. “Il est venu tardivement au Modem en profitant d’une désorganisation passagère pour lancer une véritable O.P.A. sur le centre à Lyon.”

Isaac-Sibille a aussi choqué tous ceux qui avaient jusque-là respecté une certaine neutralité. “Je comprends que Morales se sente spolié”, analyse Eric Desbos, élu du 8e arrondissement et membre de ce conseil départemental. Pourtant, il avait voté blanc à l’élection du président départemental du Modem car il aurait souhaité une liste unique pour éviter justement cette guerre fratricide. Déçu, il affirme que “cela fonctionnait mieux avant”. C’est-à-dire sous Mercier. Un comble pour cet élu qui appelait au changement !

“Ça va bouger !”
Enfin, plus inquiétant pour Isaac-Sibille, certains de ses partisans commencent à douter de lui. Exemple avec Eric Sommier, élu centriste à Bron. “Sa prise de pouvoir est beaucoup moins démocratique que prévu. Au Modem, on n’acceptera jamais que nos responsables soient désignés et non élus ! Si Isaac-Sibille persiste, je vous garantis que ça va bouger. Et ça va bouger fort...”

Aujourd’hui, la seule solution pour sortir le Modem lyonnais de l’impasse, c’est que François Bayrou intervienne une nouvelle fois. Ce qu’il avait déjà fait pour ramener le calme après l’épisode de la candidature ratée d’Azouz Begag, écarté par Mercier. Mais aujourd’hui, les partisans du changement se divisent à leur tour. Ce qui est révélateur d’un malaise. Pas sûr qu’Isaac-Sibille et ses proches en aient compris l'ampleur. “Je n’ai qu’une crainte : que les militants se découragent !”, lâche Laurent Ajdnik, pourtant habituellement très discret sur ces dissensions internes. Un découragement qui pourrait effectivement être fatal pour le Modem. Alors que Michel Mercier, qui a tout fait

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