Enfants plongés dans le noir, punition à la cantine : les pratiques d'une école pointées du doigt à Lyon

Enfants plongés dans le noir, punition à la cantine : les pratiques d'une école pointées du doigt à Lyon
L'école est située dans le 5e arrondissement - DR Google Street View

Voilà plusieurs semaines maintenant que de nombreux parents d'élèves s'inquiètent pour leurs enfants, scolarisés à l'école bilingue West Point, à Lyon. Entre méthodes d'enseignement douteuses et élèves renvoyés sans préavis, un climat délétère s'est installé dans cet établissement du 5e arrondissement ouvert en 1980, entre la direction et certains parents.

Les langues se sont déliées en octobre dernier, après le renvoi d'une enseignante de CP, en pleine journée, devant les enfants, "sous prétexte qu'elle donne des cours du soir à la fac", nous explique Mathieu*, un père de famille. Si la méthode est discutable, ce papa d'une petite fille scolarisée en maternelle n'en est pas au bout de ses surprises : "On m'a ensuite rapporté un incident à la cantine. Un midi, le surveillant a demandé les notes de bilan aux enfants, et ceux qui avaient moins de 10 étaient punis de récréation. Ceux qui avaient entre 18 et 20 ont eu droit à des nuggets en plus".

A la suite de cet incident, plusieurs mails ont été envoyés à la direction par des parents d'élèves, regrettant de "nouveaux concepts pédagogiques". Deux enfants seront renvoyés, dès le lendemain, sans préavis, et sans certificat de radiation, nécessaire à la réinscription dans une nouvelle école.

Une autre maman confie, elle, sur un groupe de discussion, avoir été insultée alors qu'elle venait de déposer sa fille à l'école : "Notre cher directeur est venu me chercher car il voulait me voir. Je me suis donc rendue dans son bureau. Là, le scandale a débuté. Il m'a menacée, il m'a insultée, injuriée. Il me reproche d'avoir fait partie des personnes qui s'étaient réunies pour lui manifester notre mécontentement et m'a dit que ma fille allait partir, que, quoiqu'il arrivait, Marie* ne ferait plus partie de l'école. On m'a rarement aussi mal parlé. Il s'est emporté".

L'inspection d'académie alertée

Ces incidents ne sembleraient pas isolés dans cet établissement de 405 élèves. "Quand il y a trop de bruit en classe, les enseignants ferment les volets et éteignent les lumières. Les enfants sont dans le noir total, pour être calmés", rapporte encore Mathieu, qui assure pourtant que "les cours sont de qualité", avec une demi-journée assurée en anglais et l'autre partie en français.

Alertée par téléphone par ce papa, l'inspection d'académie lui aurait déclaré ne pas être compétente car il s'agit d'une école privée hors contrat, le redirigeant vers le diocèse, alors qu'il ne s'agit pas d'un établissement catholique : "On a l'impression que, parce que c'est du privé hors contrat, personne n'a un droit de regard sur ce qui se passe à l'intérieur de l'école". Mise à jour vendredi à 15h45 : A la suite de notre article, l'inspection d'académie s'est montrée plutôt circonspecte, nous signalant qu'elle était bien compétente, et, pour preuves, plusieurs inspections ont déjà été menées.

"Il s'agit sans doute d'une erreur de routage", s'est-on défendu à l'Inspection d'académie du Rhône. "L'établissement a déjà été inspecté à plusieurs reprises, en avril 2007, en mars 2010, et décembre 2014. C'est ce qui est prévu par la loi", nous a-t-on également précisé. Sauf que l'équipe dirigeante a changé depuis ce dernier contrôle, nous a confié une maman. "M. Reddock avait fondé l'école, mais il a quitté l'établissement il y a trois ans environ, même si son nom apparait toujours dans l'organigramme sur le site internet de l'école", nous précise-t-elle.

L'école dénonce des rumeurs

De son côté, la direction de West Point a refusé de répondre à nos questions, "pour ne pas donner suite à ce type de rumeurs". Cependant, dans un mail envoyé aux parents et que nous sommes procurés, le PDG de West Point, Jean-Pierre Chabrier se dit "sincèrement désolé du harcèlement ou des fausses rumeurs que vous pouvez subir par certains parents mécontents", faisant référence également à des tags peints sur les murs de l'école la semaine dernière. "Il m'est important de vous informer de certaines vérités suite aux mails, SMS et commentaires calomnieux sur internet que des parents malintentionnés ont diffusés afin de nuire à l'établissement. […] D'autre part, West Point est toujours ouverte aux critiques positives comme négatives, dans le respect mutuel et avec délicatesse, dans un esprit constructif. A plusieurs reprises, une maman a enfreint le règlement intérieur de l'école, et employé des termes irrespectueux envers des membres de l'équipe de West Point. De surcroît, d'autres agissements de sa part ont mis en défaut ma responsabilité personnelle en tant que directeur d'établissement. Pour toutes ces raisons, je l'ai conviée à un rendez-vous qu'elle a refusé à deux reprises. Je me suis vu dans l'obligation de lui signifier la rupture de son contrat avec l'école". Cette dernière a finalement saisi un avocat.

Ce n'est pas la première fois qu'une école privée hors contrat est pointée du doigt. En janvier dernier, la directrice d'une école Montessori de Villié-Morgon et une enseignante ont été mises en examen pour des faits de violences volontaires sans incapacité sur mineurs de moins de 15 ans, après le dépôt de quatre plaintes. Une quinzaine d'enfants, âgés de 6 ans à 11 ans, ont évoqué, lors de leurs auditions, des claques, des fessées ou des secouements, subis durant une période prolongée. Depuis l'école a été fermée.

"Mais nous sommes là devant des cas isolés", nous affirme l'inspection d'académie.

*Les prénoms ont été modifiés

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