Guy Mathiolon, offensif, candidat à sa propre succession ?

Guy Mathiolon, offensif, candidat à sa propre succession ?

Dans un entretien exclusif au Progrès, Guy Mathiolon, président de la CCI de Lyon, revient sur sa garde à vue, les querelles intestines Medef-CGPME, ses rapports avec Christian Barthélémy et François Turcas. Pour Mathiolon, l’ensemble est téléguidé par l’ancien directeur de la chambre consulaire, Yves Guyon. Le président de la CCI s’explique également sur les éventuelles irrégularités concernant le tracé du Rhônexpress et sa prétendue intercession par tierce personne. Plus offensif que jamais, il s’envisage même comme un candidat sérieux à sa propre succession.

« Le mot clef, c’est disproportion » explique Mathiolon, évoquant sa garde à vue. Consigné pendant 38h la semaine dernière à la PJ de Lyon pour faire la lumière sur des rapports d’expertise commandés par la CCI à CB Connexion, société de l’élu Grand lyonnais Christian Barthélémy, le président de la CCI évoque un excès de zèle caractérisé. Particulièrement concernant le volet des sommes facturées par CB Connexion pour cette commande, soit 46 400€ : « Il n’y a pas eu d’enrichissement personnel (...) L’aspect financier de cette affaire de rapports représente 1% des honoraires annuels versés par la Chambre. Je sais bien que ce n’est pas un argument (...) mais il y a tellement d’affaires similaires dans les rapports de la Cour des Comptes qui n’ont donné lieu ni à enquête, ni à l’Article 40, ni donc à une garde à vue... » Et de faire de la cooptation le modèle de synergie nécessaire au fonctionnement d’une institution comme la Chambre consulaire : « Je pense que tout l'objet était de me faire dire que j'avais pris Christian Barthélémy, un expert reconnu pour ses compétences en matière d'aménagement du territoire (...) à la demande de Francois Turcas, le président de la CGPME Rhône-Alpes (...) Et ce n'est pas interdit. Je peux vous montrer des centaines de lettre de ministres, de députés, de sénateurs, de maires qui m'envoient des CV. »

Alors pourquoi ce discrédit ? On connaît le conflit d’intérêt qui, en filigrane, oppose la CGPME et le Medef pour la prise de pouvoir sur des institutions type CCI. Le cas lyonnais a cette spécificité qu’il ne recèle pas qu’un conflit de pouvoir. Il se double d’une querelle d’hommes. Depuis la révocation d’Yves Guyon, ex-directeur général de la Chambre et homme de l’ancien président de la CCI de Lyon, Jean-Paul Mauduy, désormais président de la CRCI Rhône-Alpes, les relations entre ce dernier et Mathiolon se sont rafraîchies. Ce que ne masque pas le président de la CCI de Lyon : « Mes relations distendues avec Jean-Paul Mauduy viennent de là. Lui en a pourtant révoqué deux, et a renouvelé cela à la CRCI, avec d'ailleurs des indemnités comparables à celles de Guyon. Mais là personne ne s'en est ému. » Alors Yves Guyon, téléguidé par Mauduy, et plus largement instrumentalisé par le Medef ? « Instrumentalisé, je n'en sais rien. Qu'il ait la volonté de me nuire, c'est une évidence » reconnaît Mathiolon, qui, s’il charge l’homme, préserve toutefois l’entité Medef.

Concernant l’affaire qui touche le Rhônexpress, et tout particulièrement son tracé, Mathiolon ne botte pas en touche. Il dénonce effectivement le premier tracé qui lui a été présenté : « Le circuit voulu par le conseil général était très compliqué (...) J'ai donné mon point de vue au conseil général et aux services de l'Etat. On m'a répondu en septembre 2007 que le tracé ne serait pas modifié (...) Et le tracé a été modifié. Point. » Alors quid de l’obscur Yann Gaillard, prétendu voltigeur-lobbyiste envoyé par Mathiolon pour détourner le tracé, et facturant 300 000 euros ses services à la CCI : « J'ai reçu la facture à la Chambre. J'ai envoyé une lettre recommandée de fin de non recevoir. J'ai d'ailleurs demandé à être entendu par la PJ sur cette affaire (...) Comment accepter que l'on provisionne, sans en parler à quiconque, une facture de 310 000 euros à payer en Thaïlande séance tenante d'un farfelu qui n'a pas eu de commande ? » Pour mémoire, les aéroports de Lyon ont reçu le même document, qu’ils ont provisionné à hauteur de la somme demandée.

La garde à vue et les suspicions n’ont pas pour autant découragé Mathiolon. La perspective des élections consulaires à l’automne aurait même l’effet inverse. « Si toute cette agitation est destinée à me faire baisser les bras et à quitter le navire, ce n'est pas bien me connaître » assure Mathiolon. Et si la CGPME l’envoie au feu à l’automne en le désignant candidat, il ira. Mais cette fois-ci, les élections ne seront pas celles de la concorde. Pas de liste commune Medef-CGPME avec en promesse le partage du mandat entre deux représentants des deux syndicats patronaux, comme ce fût le cas en 2005. Le Medef a déjà choisi son candidat. Il s’agit de Benoit Soury, directeur général de La Vie Claire. Ou la promesse d’un rude combat en perspective.

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1 commentaire
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laverdure le 12/07/2010 à 14:15

Membre du Parti Radical rattaché à l'UMP, Mathiolon aura-t-il plus tard des ambitions politiques ?

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