Florence Padié, de Pignon sur Rue : "Le piège, c'est de croire que tous les cyclistes font n'importe quoi"

Florence Padié, de Pignon sur Rue : "Le piège, c'est de croire que tous les cyclistes font n'importe quoi"

Florence Padié, présidente de l’association cycliste Pignon sur Rue, était l’invitée ce jeudi de Jazz Radio pour l’émission Ca jazz à Lyon, proposé en partenariat avec Lyon Mag.

En tant qu’utilisatrice quotidienne, Florence Padié juge que "Lyon part de loin. Mais que progressivement elle devient une ville cyclable."

Le Grand Lyon affiche souvent sa volonté de développer les modes doux, la majorité des nouveaux projets présentent un volet qui leur sont dédiés. Les Verts dénoncent parfois des mesures cosmétiques. Mais Florence Padié est plus partagée. "Les aménagements ne suffisent pas. Il faudrait peut-être avoir une expertise d’usage, se coordonner entre les collectivités et les associations. Pignon sur Rue, la Ville à Vélo, Lyon Vélo sont consultées, assistent à des réunions…"

"L’aménagement dont on a beaucoup parlé et pas toujours avec les bons termes, c’est le double-sens cyclable. Dans un sens unique à 30km/h pour les automobilistes, un vélo peut arriver dans l’autre sens sur une bande cycliste. Parce que vous voyez arriver l’automobiliste, c’est un aménagement qui vous sécurise. Il n’y a pas quelqu’un derrière qui vous colle, qui essaye de vous doubler, qui va accélérer, piler, vous frôler. Ca donne de la visibilité aux deux."

Les cyclistes se plaignent souvent des pistes et bandes cyclables, notamment à cause de leur surélévation.
"Sur les aspects techniques, les associations n’ont pas de position dogmatique pour mettre un type d’aménagement en particulier. C’est en fonction de la morphologie du carrefour, de la taille de la voirie et des finances. Les belles pistes bidirectionnelles ca coute toujours plus cher qu’une piste cyclable."

Aujourd'hui, où en est-on du développement de la pratique. Depuis le lancement du Vélo’v en 2005, le Grand Lyon indique la circulation cycliste a triplé.
"Pour évaluer la politique cyclable, on se base sur la part modale. Sur 100 trajets, combien sont réalisés en bicyclette ? Et là effectivement on appuie tout à fait ce que dit la collectivité. Dans les années 90, on était sur une part modale d’1%. Et aujourd’hui on a bien dépassé les 3%.
Après sur le Grand Lyon, ca ne se répartit pas de la même manière. L’augmentation sera différenciée entre l’hyper-centre du Grand Lyon et les communes périurbaines."


La cohabitation entre cyclistes et automobilistes est toujours compliquée en ville.
"Ce qui est important c’est vraiment de connaître les contraintes de chacun. Et aujourd’hui en ville, ce qui créé de l’insécurité, c’est le différentiel de vitesse et la mauvaise connaissance de la réglementation, du code de la route et de la rue. Tous ces nouveaux panneaux qui ont été amené pour faciliter la cohabitation ne sont pas toujours connus des automobilistes.
Mais je suis d’accord pour dire que certains cyclistes ont une conduite que je qualifie de dangereuse. Mais le piège c’est de dire que tous les cyclistes font n’importe quoi."


Une vélo-école a été créée, Florence Padié nous explique pourquoi :
"C’est un lieu un peu particulier où les adultes peuvent venir apprendre à faire du vélo. Ce sont souvent des dames qui, dans leur jeunesse, n’ont jamais appris à faire du vélo. Et qui, suite à notre apprentissage, se rendent au travail à bicyclette. Dans le public vélo-école, on a aussi ce qu’on appelle des intermédiaires, des gens qui savent faire du vélo mais qui paniquent en ville, qui ont peur de se faire renverser."

La pratique du vélo est-elle particulièrement accidentogène en ville ?
"C’est toujours moins dangereux de rouler à vélo qu’en voiture, par rapport aux risques d’accidents directs mais aussi par rapport à la santé. Le vélo c’est bon, et aussi pour ceux qui n’en font pas."

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5 commentaires
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Lau le 01/02/2013 à 13:15

Très bonne interview !

Excellent argument pour le double-sens-cyclable : "Il n’y a pas quelqu’un derrière qui vous colle, qui essaye de vous doubler, qui va accélérer, piler, vous frôler. "

Et merci pour le titre retenu, ça change de ce qu'on lit/entend habituellement dans la presse.

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Adrien Lelièvre le 18/01/2013 à 09:10

Merci à Florence et à pignon sur rue pour leur action et cette interview. Tout est clairement expliqué : DSC, partage de la rue, intérêt des bandes cyclables.. Bravo ! Comme quoi, quand on fait du vélo, on arrive très vite à être d'accords sur beaucoup de choses (peut être parce qu'on fait face aux mêmes problèmes / types d'élus).
Attention dans l'avant dernier paragraphe : [les femmes] "se rendent au travail A bicyclette", pas "en" bicyclette. Ça parait anodin mais nous cyclistes sommes à l'extérieur... et en ce moment on a froid donc on y tient !

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MLBRLyon le 18/01/2013 à 08:42

Ce n'est pas si souvent que l'on entend et lit des infos et point de vue sur le vélo utilitaire venant... des usagers eux-mêmes.
Là où tout le monde a un avis éclairé sur le vélo (et particulièrement ceux qui n'en font pas...), il est important de faire passer ce genre de message.
Merci Florence, Pignon sur Rue et bien sûr Jazz Radio & Lyon Mag de s'échapper des lieux communs qu'on lit bien trop souvent dans la presse.

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piéton le 17/01/2013 à 18:45

Vélos = Débilos

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le grognard le 17/01/2013 à 17:16

de louis lyon velo
bravo pour ta prestation tres complete non sectaire
bien ton evocation sur code de la rue et nouveaux panneaux
tu n'as pas omise d'evoquer la velo ecole

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