Halle Girard : obligée de faire de l’évènementiel pour remplir les caisses ?

Halle Girard : obligée de faire de l’évènementiel pour remplir les caisses ?
H7 sur le quai Perrache - LyonMag

Le workshop des helpeurs et des startupeurs cherche encore ses marques.

Sur le papier, la Halle Girard rebaptisée H7 a tout pour faire rêver. Financée généreusement par les collectivités à hauteur de 11,6 millions d’euros (65% par la Métropole de Lyon et 35% par la Région Auvergne-Rhône-Alpes), la réhabilitation promet des lendemains qui chantent aux startups qui vont s’y installer.

Sur place, les jeunes sociétés sont censées disposer de tout ce qui est nécessaire à leur réussite dans ce qui est pompeusement présenté comme "le lieu totem de la French tech à Lyon". Ici, l’avenir s’entend dans la langue de Shakespeare. Il est préférable pour ne pas dire indispensable de parler anglais. Ça aide à comprendre les ressources que vante le dossier de presse qui parle de workshop et de hackathons qui sont au monde moderne ce que les grattons et le cuchon de beaujolais étaient aux ouvriers du textile.

Ce "hub de l‘innovation par le numérique" ne propose pas seulement 350 postes de travail ou 1 000 m2 d’espace événementiel. Les jeunes entrepreneurs qui vont y poser leurs ordinateurs pourront compter sur les "helpers", des entrepreneurs qui ont déjà une solide expérience dont ils veulent faire profiter les jeunots pleins de talent et d’espoir.
Adjointe au maire de Lyon et vice-présidente de la Métropole, Karine Dognin-Sauze parle avec enthousiasme de ce lieu fait "pour trouver les bons contacts et les bonnes interactions".

Visiblement, tout le monde n’est pas totalement convaincu par ce projet voulu au départ par Gérard Collomb et désormais également défendu par David Kimelfeld. Pas question pour autant de faire part publiquement de ses réserves. À un an des prochaines élections municipales et métropolitaines, personne ne veut se fâcher avec ceux qui pourraient être à nouveau demain aux commandes.

Il ne faut cependant pas chercher très loin pour dénicher des entrepreneurs qui vous expliqueront, sous couvert d’anonymat, que ce projet a tout de la fausse bonne idée : "Faire un incubateur avec des partenaires est incontestablement une bonne idée. Mais sans vouloir faire de peine à Gérard Collomb ou à Karine Dognin-Sauze, on est bien obligé de reconnaître qu’on ne les a pas attendus pour se lancer dans ce genre d’aventure".

Les mêmes expliquent que le projet H7 a été pris à l’envers. Que la démarche initiale de Gérard Collomb a été de trouver une utilisation pour ce bâtiment de la Confluence : "On a commencé par décider le lieu d’implantation alors qu’il aurait fallu s’intéresser d’abord aux besoins des startups", commente un fin connaisseur du monde économique local.

Pourtant, si l’on en croit la communication officielle, la Halle Girard croulerait sous les demandes de startups qui se bousculeraient pour s’y installer. Sur les 400 candidats qui auraient ainsi postulé, seuls quarante auraient été retenus.

"Foutaise", explique encore notre interlocuteur. Pour lui, on a surtout l’impression que la Halle attire pour remplir des projets qui existaient ailleurs. Vachard, il ironise sur les fameuses startups qui sont aujourd’hui mises en avant. Et de citer pêle-mêle Capsa qui a été fondée voici plus de dix ans par Cédric Denoyel (le président de H7) ou la société Obiz qui affiche à peu près le même âge.

Nous avons essayé d’interroger l’actuel président du Medef Rhône sur ce qu’il pense de H7. En tant que créateur d’une startup (Visiativ) qui a largement fait ses preuves, Laurent Fiard serait effectivement bien placé pour donner un avis éclairé. Il n’a pas donné suite à notre demande.
On constate toutefois que, sous sa houlette, le Medef reste pour le moment éloigné de cette initiative.

D’autres critiques pointent également le bout de leur nez. Elles émanent des sociétés ayant pignon sur rue et qui sont littéralement draguées pour jouer les helpers auprès des startups. "Vous avez intérêt à associer votre nom à ces numéros un de demain", explique-t-on du côté de la Halle pour justifier les sommes importantes qui leur sont réclamées au passage.
Il semble toutefois que l’équilibre financier de la Halle soit plus difficile que prévu à atteindre. Les loyers payés par les occupants auraient été revus à la baisse et seraient loin de permettre de couvrir les frais. Du coup, pour compenser le manque à gagner, la Halle serait aujourd’hui très active sur le marché des événements organisés par les sociétés.

Si tel est le cas, voilà qui dénaturerait pour le moins le projet initial et qui risque de provoquer l’ire des autres professionnels locaux de l’événementiel qui ne disposent pas des mêmes conditions d’exploitation.

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10 commentaires
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Numérique Lyon le 31/12/2019 à 19:02

Malheureusement le « H7 » est comme « Bel air Camp » : des lieux étroitement liés aux jeux politiques locaux.
Il n’y a qu’à voir après l’incendie de Bel air Camp comment les aides politiques ont affluées. Je pense par exemple à Lyve du Grand Lyon qui étaient censé accueillir de jeunes entreprises en création mais qui s’est empressé d’accueillir les malheureuses sociétés de Bel air (Didier Caudard Breille derrière - promoteur DCB) qui sont tout sauf des jeunes start-up débutante.
Derrière la communication de façade du H7 et de Bel air camp la réalité est bien plus triste et pas si glorieuse. Beaucoup d’entreprises des deux sites nous ont confiés que ce n’était que de la poudre aux yeux cette communauté qui s’aide et s’aime ...
Dommage que Lyon n’ait pas encore à ce jour un vrai entrepreneur privé souhaitant réellement faire émerger un vrai pôle numérique lié aux starts-ups.

Peut-être cela viendra et on le souhaite vivement car Lyon mérite un tel lieu aidant vraiment les start-ups.

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mik le 02/05/2019 à 14:37

Et hop, comment cramer 12 millions d'euros d'argent public pour une poignée de petits bobos barbus prétentieux qui entendent réinventer l'eau tiède dans un entre-soi satisfait. Rien qu'à entendre "le workshop des helpeurs" on est déjà mort de rire...

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Oups le 01/05/2019 à 19:28

Pour remplir la caisse, il faut vider les poches des lyonnais !!

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revolutionnaire le 29/04/2019 à 16:04

Bureaux archi vides !Colon a mis du fric qui part en fumée !

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Ping le 29/04/2019 à 14:38

Et côté investisseur le groupe SOS, Axeleo et Arty Farty sont des grands spécialistes de l'internet et du numérique. C'est pitoyable.

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Fantas-tique ! le 29/04/2019 à 10:52

quel blabla touffus, création inutile et couteuse ne servant à quoi? on verra bien, en plus que de l'anglais..que les francais ne maitrisent guêre, au fait en England pas de parler francais, devrions nous supprimer notre langue..comme ces projets bobos-idiots ?

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Post monétaire le 29/04/2019 à 10:47

"......................................."

oh ? Ils refont le coup comme les "implantations" dans les tours de La Part Dieu et comme à Confluence où on assiste à des "ballets" d'entreprises qui déménagent pour faire croire à "l'attractivité" ?!

Ils sont forts les Macronistes et les Collombistes :o)

L'aide des autres entreprises du secteur ?
Voyons, la culture c'est "va crever, car j'ai peur que tu finisses par me bouffer mon chiffre d'affaires !!"

Dans un système monétaire, pour qu'un l'un gagne, il faut que l'autre perde, ne l'oublions pas.
(la croissance qui fabrique du chiffre d'affaires n'est qu'un leurre - la croissance se fait au détriment d'autres).

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equilibre le 29/04/2019 à 10:31

ca a encore été bien etudié ca!
le business plan il dit quoi?

les contribuables vont ils avoir leur mot a dire au fil des mois en fonction des investissements et des retours?

une entreprise met environ 3ans pour etre viable (ou mourrir) sans avoir un financement public et des subventions aussi importants... dans une entreprise, le banquier ne se gene pas pour donner son avis et orienter la strategie de son client... allons nous faire pareil?

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Bonjour le 29/04/2019 à 09:59

Critiquer..toujours et encore..prendre l’avis d’une personne et en faire une généralité...peut être lyonmag prépare-il les prochaines élections ? Au moins, GC essaye-t-il de faire avancer les choses..quant à ceux qui disent APRÈS, on aurait dû faire autrement, ça m’exaspère

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Un brin de réalisme le 29/04/2019 à 09:28

"Trouver les bons contacts et les bonnes interactions.'' Tels que ? pendant lyonnais de Pigalle, peut-être ? L'Allemagne permet les maisons closes légales, peut-être la France va céder sur son hypocrisie morale et encadrer un phénomène réel mais inconfortable pour beaucoup de citoyens...

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