Militant dans la centrale du Bugey : Greenpeace s'explique

Militant dans la centrale du Bugey : Greenpeace s'explique

Un militant de l’ONG a survolé, et atterrit dans la centrale du Bugey, à 35 kilomètres de Lyon, mercredi matin. Un peu avant 8 heures mercredi, un militant de Greenpeace a survolé en paramoteur l’installation nucléaire du Bugey, une zone interdite de survol, avant d’atterrir à l’intérieur de la centrale. Lyonmag a joint Sophie Magnoni, chargée des questions nucléaires de Greenpeace. Elle nous explique pourquoi avoir mené cette opération coup-de-poing, le jour du débat de l’entre-deux tour de la présidentielle.

Qu’avez-vous tenu à dénoncer à travers cette intervention ?
Cette opération avait pour but de démontrer qu’on pouvait rentrer à l’intérieur des zones supposées interdites de survol, sans être inquiété, et même aller jusqu’à se poser à l’intérieur de la centrale. Normalement, le survol d’une centrale est interdit par tout type d’engins volants, peu importe la taille ou la sorte. Il y aurait dû y avoir une alerte, et des avions ou des hélicoptères auraient dû décoller pour venir interpeller et intercepter la personne en question. Ça n’a pas été le cas. L’hélicoptère est arrivé une heure au moins après l’action. Ce qui signifie qu’aujourd’hui il n’y a pas de dispositif efficace capable de contrôler la menace aérienne sur la centrale du Bugey. Nous sommes une association non-violente et notre objectif est d’informer les gens. Aujourd’hui, nous savons prouver qu’on pouvait survoler une centrale nucléaire sans être interpellé, jusqu'au moment où l’on touche le sol, or c’est un peu trop tard.


Qu’est ce qui est dangereux dans nos installations nucléaires ?
Aujourd’hui, seule la chute accidentelle de petits avions est prise en compte par les centrales nucléaires. Elles ne prévoient pas la chute d’avion de ligne, beaucoup plus gros. Et en parallèle de ça, la possibilité de chute intentionnelle d’avion, type attaque terroriste ou attentat, n’a jamais été étudiée. Là il s’agissait de la centrale de Bugey, mais je ne pense pas que ce soit différent pour les autres installations nucléaires. La particularité du Bugey c’est qu’il s’agit de réacteurs de 900 mégawatts. Et s’ils sont mieux protégés que d’autres aux explosions à l’intérieur du réacteur, ils sont en revanche plus fragiles aux agressions externes : parce que leur coque est composée d’une simple coque avec un liner métallique à l’intérieur. En plus, elle est située à une trentaine de kilomètres de Lyon et c’est une des plus vieilles centrales de France. Greenpeace publie également aujourd’hui le rapport d’un expert britannique sur la vulnérabilité de nos installations nucléaires à la chute d’un avion de ligne. Il déduit que le réacteur, comme les piscines qui contiennent les combustibles, subiraient des dommages très importants pouvant générer un accident nucléaire majeur. 

Cette opération a été organisée le jour du débat de l’entre-deux tour de la présidentielle. Quel message souhaitez-vous adresser aux candidats ?
Nous avons évidemment choisi cette date pour frapper un grand coup et adresser un message aux deux candidats à l’élection présidentielle qui jusqu’à aujourd’hui nient la réalité du risque nucléaire. Nous voulions mettre en avant, illustrer, la menace aérienne qui pèse sur nos installations nucléaires. On attend des candidats qu’ils se positionnent sur les risques d’agressions externes non-naturelles sur les centrales nucléaires, et qu’ils fassent ce que l’Allemagne a fait, c'est-à-dire, analyser et étudier les conséquences de la chute d’un avion de ligne sur l’installation nucléaire française. Nos voisins l’ont fait, il n’y a aucune raison que la France ne le fasse pas. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, Jean-Marc Ayrault, a écrit un courrier au Premier Ministre François Fillon il y a quelques mois en demandant que la chute d’avion soit prise en compte. Aujourd’hui on entend beaucoup moins François Hollande sur le sujet, et pourtant Monsieur Ayrault s’est exprimé sur la question il y a 6 mois.

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1 commentaire
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Halte à l'Extème Gauche le 02/05/2012 à 21:22

Auront-ils le courage de le faire en Chine, Russie ou Iran ? Non, car dans ces pays, ils tirent à vue....

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