Et si on chantait Lyon ?

La chanteuse, aujourd'hui célèbre pour son recueil de chants bretons qui s'est très bien vendu en ces périodes de disette du disque, rendait ainsi un hommage appuyé à sa région.

Certes les spectateurs dans les travées avaient l'air d'être tout de même assez peu nombreux à connaître les paroles (traduites du gallois par un pasteur protestant dans l'un des 4 dialectes locaux) mais l’intention fédératrice était là et le résultat plus sympathique en tous cas que les excités pro-pollution à bonnets rouges que l'on a vu s’agiter en Bretagne ces derniers mois.

Et nous à Lyon? Imaginez par exemple que le Stade de France résonne d'une opposition Olympique Lyonnais face au FC Lyon La Duchère. Que se passerait-il avant l'affrontement rude mais fraternel?

On peut envisager divers scénarios, très ou moins réjouissants selon le goût des autres : un set de Agoria, un son de High Tone, un sketch de Florence Foresti, une déclamation enflammée d'Alexandre Astier ? Une reformation de Bistanclaque ? Une chanson de Benjamin Biolay ? Oui mais il chanterait quoi Biolay ? Ok, il a fait une chanson à guitares un peu country, Lyon-Presqu'ile. Mais le titre, excellent par ailleurs, n'est-il pas trop partiel?

En fait il y a peu de chansons sur Lyon. Quelques chants de supporters de football que nous aimons tous entonner sur un seul couplet.
Un rap de 69carats avec ce refrain 'ensemble pour faire bouger tout le grand lyon, mon son à fond!'. Un morceau à guitares saturées des Red Hot Chili Peppers et sans paroles. Une chanteuse blonde au regard aussi azur que Nolwenn Leroy mais qui n'a que son nom de scène de commun avec notre ville. Un assez déprimant 'Lyon sur Saône' du logiquement stéphanois Bernard Lavilliers. Un joli Saint Jean Croix-Rousse de Zen Zila mais qui oublie notre rive babord. Ou encore l'intéressant hommage plein de malice du brésiliano-guillotin Francis Brasilis Lyon Rugir.

Si on remonte un peu plus loin dans la mémoire de nos aïeux, il y a 'le Rhône et la Saône' composé par Camille Jacquemot, qui sent bon le pied-humide, c'est le cas de le dire. Mais qui évoque plus nos fleuves nourriciers que notre cité.

Et puis un peu plus  tôt dans les temps encore, il y a bien évidemment le sublime Chant des Canuts, superbe hymne de révolte qui claque dans les esprits comme le bruit des ateliers des ouvriers tisseurs. Il n'est par contre à aucun moment question de notre ville dans cette œuvre épique et sombre qui appelle à tisser le linceul du vieux monde.

Bref il n'y a pas rien et j'oublie volontairement quelques airs fort peu connus. Mais la ration pourrait être plus copieuse. Il n'y a hélas, contrairement à nos amis Bretons ou encore aux Toulousains qui se repaissent de bijoux de Zebda, Fabulous Troubadours et Nougaro, de chant fédérateur lyonnais.

 Amis compositeurs et interprètes, on serait assez preneurs de vos œuvres.

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Romain Blachier