PFAS : la justice lyonnaise peut-elle obliger Arkema et Daikin à payer ?

Et c'est ce mardi qu'Arkema et Daikin devront s’expliquer sur la pollution aux PFAS survenue au sud-ouest de Lyon. Car la Métropole entend appliquer le principe de "pollueur-payeur".

"On a essayé d'être le plus méthodique possible. Ce qui parfois a été considéré comme une forme de lenteur. On a préféré sécuriser notre action, pour une démarche la plus probante possible". Vice-président de la Métropole de Lyon chargé de la Santé, Pascal Blanchard reconnaît que depuis les révélations sur la pollution aux perfluorés à Pierre-Bénite, de l’eau (polluée) a coulé sous les ponts.

La collectivité aurait pu se précipiter, porter plainte contre X. Mais le dossier a été longuement étudié pour trouver des points faibles où frapper.

En assignant Arkema et Daikin en justice, via un référé expertise qui doit permette de "faire toute la lumière sur la responsabilité éventuelle des deux industriels dans la pollution aux PFAS", l’élu écologiste y voit "la suite logique de longs pourparlers" qui n’ont pas abouti à une issue favorable pour la "réparation des préjudices" subis et à venir pour les habitants de l’agglomération.

Outre le passage à la caisse le jour où les dégâts auront été évalués, ainsi que les chantiers de dépollution, la Métropole de Lyon espère faire graver dans le marbre l’arrêt des rejets polluants de Daikin et Arkema.

Car l’eau que nous buvons au robinet est certes potable, mais clairement polluée par les PFAS, à des niveaux encore jugés tolérables. "Depuis 2022, nous tirons la sonnette d’alarme sur ce dossier qui impacte notre territoire et ses habitants. Le plan d’action porté par la Régie Eau Publique du Grand Lyon et le Syndicat mixte d’eau potable Rhône-Sud a été présenté à l’État fin 2023 et s’inscrit donc dans la continuité du travail déjà engagé pour restaurer la conformité de l’eau polluée par les PFAS. Néanmoins, il n’est pas envisageable que les industriels à l’origine de ces rejets polluants ne participent pas à la réparation des dégâts environnementaux et sanitaires qu’ils provoquent : l’impunité n’est pas une option, la gravité de cette pollution et ses conséquences exige que les responsabilités soient déterminées", réagit Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole de Lyon chargée du Cycle de l'Eau.

C’est donc sur ce volet de l’eau que les juristes de la collectivité ont estimé qu’ils avaient une fenêtre de tir pour faire plier les deux industriels situés le long de la M7. Si après l'audience de ce mardi, la justice lyonnaise décidait d’aller dans le sens des Verts, Arkema et Daikin pourraient bien être obligés d’accélérer leur calendrier d’arrêt d’utilisation de perfluorés dans leurs processus industriels.

Le premier misait sur fin 2024, le second sur 2027.