Pascal Rossignol : "Le côté humain manque à la prison de Lyon-Corbas"

L’Observatoire international des prisons vient de publier un rapport accablant. Le taux de suicide dans les prisons françaises est l’un des plus élevés d’Europe - 20% des détenus seraient atteints de troubles psychotiques, un tiers des entrants seraient toxicomanes. "C’est un constat que l’on partage, confesse Pascal Rossignol. Bon nombre de détenus ont du mal à vivre la prison."
Dans le Rhône, sept détenus se sont donnés la mort à Corbas depuis le début de l’année. L’établissement, ouvert au printemps 2009, devait être un pilote du nouveau modèle carcéral français. "C’est un modèle au niveau de l’hygiène, reconnait-il. Le site est neuf, moderne, et remplace les vieilles prisons lyonnaises vétustes et insalubres. Mais ces prisons avaient une âme. Le personnel avait peut être un contact plus riche avec la population carcérale. On ne retrouve pas cela à Corbas, où nous sommes dans une prison dans laquelle le côté humain manque. Mais cela tient plus à la structure de l’établissement. Ce n’est pas qu’une histoire de manque de personnel ou de manque de volonté du personnel." Le manque de moyens fait également cruellement défaut. "C’est une question centrale, glisse-t-il. On recrute certes, mais pas à la hauteur de ce que l’on devrait recruter." Et même si les politiques semblent à l’écoute des enjeux, les avancées sont souvent rares. "Nous avons des discussions avec le Garde des Sceaux Michel Mercier. Il essaie de trouver des solutions, mais n’a pas forcément les moyens de les mettre en oeuvre. Aujourd’hui, c’est M. Mercier, demain, un autre. La difficulté pour nous, c’est de faire entendre ce qui est essentiel pour avancer dans le domaine carcéral."