Pourquoi vous vous présentez avec Gérard Collomb ?
Yvan Guillotte : Parce que le maire de Lyon est aujourd’hui le candidat le plus centriste. C’est une question de valeurs, d’état d’esprit mais aussi de méthode car il écoute avant de décider. Le dialogue est possible même quand on n’est pas de son bord politique. D’ailleurs, moi qui suis avocat, j’ai de nombreux clients chefs d’entreprise qui, depuis son élection, m’ont confirmé son ouverture. Enfin, il a un excellent bilan. Même les élus de droite le reconnaissent quand on en discute en tête-à-tête. Et c’est ce qui explique qu’à Lyon, même des électeurs de droite vont voter Collomb aux prochaines élections municipales.
Qu’est-ce que vous reprochez à Dominique Perben ?
A lui personnellement ? Absolument rien ! En revanche, je ne me sens pas du tout en phase avec l’équipe qu’il a constituée car je n’ai rien de commun avec les millonistes. Je ne veux pas faire une fixation sur lui mais si vous prenez Amaury Nardone, c’est le représentant d’une droite ultra-catholique et très conservatrice. Moi je viens d’un milieu modeste et j'ai grandi dans un quartier sensible du Havre. Je ne peux pas me sentir représenté par un homme politique qui s’adresse à une niche électorale.
Vous auriez pu rejoindre la nouvelle liste lancée par trois militants du Modem samedi dernier !
L’initiative d’Anne Pellet, Christophe Cédat et Eric Lafond me parait très sympathique. Je reconnais qu’ils sont dans la droite ligne de la stratégie fixée par François Bayrou. Mais cette initiative est beaucoup trop tardive. Ce n’est pas en cinq semaines de campagne qu’on constitue une équipe et un programme. Il faut quand même être crédible.
Vous êtiez depuis le départ opposé à la présentation d'une liste indépendante du Modem à Lyon ?
Au contraire, j’ai soutenu Azouz Begag car c’était pour moi le meilleur des candidats. Il avait quand même le poids d’un ancien ministre, une certaine notoriété, une bonne image... Et j’aime bien le personnage.
A qui la faute ?
A Michel Mercier qui est pour moi le fossoyeur du Modem à Lyon. Tout d’abord il n’a pas essayé de retenir Anne-Marie Comparini quand elle a décidé de se retirer en septembre après sa défaite aux élections législatives de juin dernier qui n’était pas du tout méritée. Puis il a piloté toute l’opération Geourjon pour faire imploser le Modem à Lyon. Je l’ai compris le jour où il l'a imposé comme tête de liste après avoir bloqué Azouz Begag.
Christophe Geourjon, c’était une candidature fictive ?
Oui, j’ai bien vu courant décembre que Michel Mercier lui avait demandé de feindre sa candidature jusqu’au dernier moment pour bloquer l’émergence d’une vraie liste indépendante du Modem. D’ailleurs, il n’a présenté aucune équipe, aucun programme... Avant de rejoindre finalement Perben début février. C’est dommage que Christophe Geourjon se soit fourvoyé dans cette opération car il avait bien travaillé comme délégué départemental de l'UDF.
Et que vous soyez avocat du cabinet Soulier, ancien adjoint de Raymond Barre, cela fait de Collomb un héritier du barrisme ?
On peut dire que cela a une portée symbolique. Mais Me Soulier ne me dicte pas ma conduite. Je lui ai annoncé mon choix et il m’a encouragé à suivre mes convictions. Mais c’est une démarche à 100% personnelle.
En 4e position dans le 6e arrondissement, vous n’avez aucune chance d’être élu !
Etre candidat dans le 6e sur une liste de gauche, c’est un vrai challenge. Mais encore une fois, Gérard Collomb séduit au-delà de son camp grâce à sa méthode et son bilan. Et puis avec Heidi Giovacchini et l’ancien bâtonnier Jean-François Arrue, on a une sacrée équipe !