Votre réaction face à cette proposition ?
Serge Guérin : Le gouvernement souhaite imposer 5 % de seniors dans les effectifs des entreprises. Avec un système de bonus pour les bons élèves et de malus pour les mauvais, donc de sanctions financières. Mais je ne suis pas convainu par ce genre de dispositif qui a toujours eu des effets pervers. Avec même des effets d’aubaine, c’est-à-dire des entreprises qui embauchent sur le court terme pour entrer dans les quotas.
Vous ne pensez pas que les entreprises vont embaucher plus de seniors ?
Non. En fait, les entreprises embauchent des séniors pour deux raisons. Soit parce qu’elles recherchent des compétences très spécifiques que seuls les séniors proposent. Et dans ce cas, la loi ne changera rien pour eux. Soit parce qu’elles ne trouvent pas sur le marché de l’emploi des salariés plus jeunes. Dans ce cas, elles toucheront le bonus. Mais je ne vois pas des entreprises privilégier l’embauche d’un senior face à un jeune, juste pour bénéficier de la prime.
Pourquoi ?
Parce que les seniors, par définition, coûtent plus cher. Et les entreprises leur reprochent aussi d’être moins flexibles, moins rapides... Donc ce n’est pas une prime qui changera cette mentalité. De plus, je crains que cette loi ne stigmatise les seniors, en associant l’âge à un handicap. Ce qui va contribuer à entretenir une image négative des seniors.
Ce que vous proposez ?
Il faut plutôt réaliser un travail de fond au sein des entreprises, auprès des DRH, pour comprendre les raison de ce blocage. Et continuer à valoriser l’image des seniors, leur expérience, leurs compétences.., qui sont une opportunité pour les entreprises, pas une contrainte. D’autant plus qu’on se dirige vers une situation de pénurie de main d’œuvre. Il faut donc que les entreprises prennent conscience que le senior va devenir une ressource essentielle face à ce défi démographique.