Loin d'être entièrement annulée, la Fête des Lumières 2015 est une opportunité de retour aux sources

Loin d'être entièrement annulée, la Fête des Lumières 2015  est une opportunité de retour aux sources
Romain Blachier - DR

Gérard Collomb a été confronté à un dur choix.

Une responsabilité que peu lui enviaient : celle de maintenir ou pas la Fête des Lumières de 2015. Il vient de faire connaitre sa décision. Un crève-coeur. Annuler les grands événements liés à cette fête. Mais aussi celle de garder un certain nombre de choses, de transformer cette édition. Une sage décision. Qui n’est pas une annulation complète, même si l’essentiel de la programmation artistique est reportée à 2016. Même si on ne fera pas la fête comme d’habitude. Comme on l’aurait voulu.

Evidemment que la contrainte des attentats de Paris pèse, cela personne ne le nie. Hélas il était impossible de maintenir telle quelle la Fête des Lumières. Déjà nombreux auraient été ceux qui ne seraient pas venus ou qui auraient fait les choses la peur au ventre. Les annulations de réservations chez les hôteliers en témoignent.

Quoi qu’en disent certains, ceux qui n’auraient ni à assumer les conséquences de décès et des blessés, la cible est tentante pour les créateurs de mort puisque la Fête se déroule sur la presqu’ile et, sous une forme bien plus modeste, dans les quartiers de la ville. Un périmètre bien trop large à sécuriser entièrement et parfaitement. Et, les échanges avec les autorités en charge de la sécurité de notre patrie l’ont confirmé, les risques de menaces restaient élevés. 

Pas uniquement à cause des risques d’attentats terroristes. Attentats possibles avec la haine des fous à ceintures explosives et à armes automatiques,  qui font craindre un danger aux lyonnais. Mais aussi à cause des mouvements de panique possibleQu’on se souvienne de ce qui s’est passé dimanche à Paris où des pétards ont semé une forte peur à République. Qu’on imagine les morts et les blessés si la même scène se déroule pendant la Fête des Lumières aux Terreaux ou à Bellecour sur des places noires de monde. 

Cette édition 2015 de la Fête des Lumières sera transformée en moment d’hommage aux victimes des attentats de Paris. Une oeuvre sur les rives de Saône sera en particulier dédiée à ce souvenir. Celui des personnes touchées par la haine de l’Etat Islamique. 

200 000 lumignons seront également distribués aux écoliers et vendus à Lyon. Les fonds seront récoltés au profit de l’Association des Victimes du Terrorisme et de l’association Rêve d’enfants. L’occasion justement de retrouver les racines que nous avons parfois oublié. Celle de mettre chacune et chacun sur nos fenêtres un peu d’espoir. Un peu de lumière. Un peu de paix. Un peu de tradition. Un peu de gratitude comme celle vis à vis des forces de l’ordre. Une gratitude que les députés Meunier et Wauquiez ont refusé l’autre jour à l’Assemblée Nationale lors de l’hommage rendu par le Premier Ministre à ceux qui risquent leur vie pour sauver nos libertés.

Bien sûr qu’on aurait toutes et tous préféré que la Fête se déroule différemment. Et que ce sera en plus, même si l'édition 2016 reprendra celle que nous n'avons pas pu tenir, une vraie perte pour les artistes. Surtout que cette année était prometteuse. Allait amener le rayonnement de notre ville vers de nouveaux sommets. Mais, ne regrettons pas, faisons de ce temps triste un retour à nos racines. Comme le diraient les artistes de reggae.

Non, il n’y a pas annulation simple. Parce que les lumières prévues seront là. Parce qu’il y aura des moments de communion entre nous. 

L’origine de la Fête des Lumières, c’est le peuple Lyonnais qui met spontanément des bougies aux fenêtres. Au début pour remercier Marie ( je ne vais pas rentrer ici en débat théologique pour dire si il faut dire la Vierge Marie ou non) d’avoir sauvé la ville de catastrophes dures. Un peu comme celle que vit notre patrie avec la peste du radicalisme islamiste.

Quand j'étais un bien plus jeune lyonnais que je l’étais aujourd’hui, les célébrations consistaient essentiellement à se promener dans la rue avec des lumignons  et aller boire le vin chaud chez les commerçants. C’était sobre. Devant des murs de lumières. Devant ce qui était de belles façades emplies de lumignons. Un événement fabriqué collectivement. Empli par les lumières des lyonnais.

Ce n’est que bien tard, environ un siècle et demi après le début des célébrations en 1852, que l’on mis en place de grandes animations le long des rues de Lyon. Sous l’impulsion de Raymond Barre qui initia bien des choses (sous le feu des critiques de la bourgeoisie conservatrice qui l’avait pourtant élu) puis surtout de Gérard Collomb, la Fête s’éleva en densité. Avec des installations de haute qualité. Avec des artistes, reconnus ou émergents.. Avec un passage de un à plusieurs jours. Lorsque j’étais un gone jouant aux billes, la fête ne durait que le soir du 8 décembre. 

Aujourd’hui l’événement est un temps de matin, de midi et de soir de presque une semaine. De quatre jours.

C’est une belle réussite que ces jours d’événements de prestige. Que cette fête d’une journée devenue plurielle. Même si je pense qu’il faut davantage la répartir dans les différents quartiers de la Ville. 

Des gens des différentes terres de notre patrie convergent vers les lumières de notre cité. Et nos invités étrangers proviennent de contrées de plus en plus lointaines. Notre ville est désormais une référence mondiale en matière de lumières. 

Hélas, individuellement, les lyonnais n’ont que peu le réflexe de continuer à mettre des lumignons aux fenêtres. Même ceux d’ailleurs qui se plaignent qu’on en voit plus aux rebords de nos immeubles sont rarement les premiers à faire la démarche. Les fenêtres des lyonnais sont vides. Nos fenêtres de lyonnais sont vides. C’est l’occasion cette année de les repeupler. De revenir aux origines. 

La Fête des Lumières n'est pas annulée. Elle se fera différemment, dans l'intimité des foyers, en famille ou entre amis, mais la chaleur des bougies sera là, comme chaque année depuis 1852. On sera avec nos lumignons. Pour se souvenir des victimes. Pour que nos lumières fassent reculer les ténèbres de leur terreur.

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Romain Blachier

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varierai le 20/11/2015 à 08:31
jirel a écrit le 20/11/2015 à 00h05

c'est parfaitement ridicule ce retour aux sources avec Papa, Maman et les enfants. La fête des lumières c'est le rayonnement de Lyon à l'international. Vous voulez redevenir une petite vile de province endormie ? si c'est votre ambition ce n'est pas la mienne.

c'est vrai. D'ailleurs il n'y a pas eu d'attentats il y a une semaine.

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Triste le 20/11/2015 à 08:07
jirel a écrit le 19/11/2015 à 23h49

la fête des lumières est une vitrine de Lyon à l'étranger. Et vous nous parlez de retour à l'intime, à la famille, réveillez vous. Vous voulez rester une petite ville de province somnolente ? si c'est votre ambition, ce n'est pas la mienne. En fait on sacrifie Lyon pour assurer la COOP21 à Paris.

Tout a fait d'accord.

D'ailleurs le très fréquenté marché de noël de Strasbourg ne semble pas annulé lui, pourtant sa fréquentation est élevé, plus de deux millions de visiteurs.

En favorisant la COP 21 l'état fait de la fête des lumières un dommage collatéral au profit de la "hollandie" et de sa campagne électorale, mieux vaut parler de "son" initiative écologique pour sa promotion future.

On sent clairement que Valls à plus qu'orienté le choix de Collomb.

Le risque d'attentat est permanent et avec l'immense zone SEVESO aux portes de Lyon il y a de quoi faire exploser et raser la ville tous les jours.

Arrêtons cette hypocrisie même si il y a risque d'attentat les vraies raisons de l'arrêt de la fête des lumières sont beaucoup moins nobles, et comme toujours c'est nous les lyonnais qui en payons le prix.

En l’occurrence économique et au niveau du rayonnement international.

Et très lourdement car rien ne garantie son retour en 2016 ni en 2017, ect...
L'édition 2014 était peut être la dernière édition de la fête des lumières pour toujours, car la confiance internationale n'est plus de mise, et la guerre ne fait que commencer.

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jirel le 20/11/2015 à 00:05

c'est parfaitement ridicule ce retour aux sources avec Papa, Maman et les enfants. La fête des lumières c'est le rayonnement de Lyon à l'international. Vous voulez redevenir une petite vile de province endormie ? si c'est votre ambition ce n'est pas la mienne.

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jirel le 19/11/2015 à 23:49

la fête des lumières est une vitrine de Lyon à l'étranger. Et vous nous parlez de retour à l'intime, à la famille, réveillez vous. Vous voulez rester une petite ville de province somnolente ? si c'est votre ambition, ce n'est pas la mienne. En fait on sacrifie Lyon pour assurer la COOP21 à Paris.

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censure !! le 19/11/2015 à 20:22

aller je tente un dernier commentaire, voyons s'il ne sera pas censuré par le journal !!

Encore un commentaire de Mr Blachier avec sa photo angélique…
Nous ont n'aime plus trop, mais bon en démocratie il faut s'attendre à d'autres commentaires très intéressants de sa part..
Vivement le prochain ! ;)

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novae le 19/11/2015 à 20:05

Pour une fois je suis d'accord avec vous, impressionnant non ! (même si vous n'avez pu vous empêcher de glisser votre petite remarque politicienne et mesquine sur Wauquiez, régionales oblige. En agissant de la sorte, vous faites exactement ce que vous lui reprochez). Oui, cette fête du 8 décembre sera un retour au source, et il faut d'ailleurs rappeler quelque chose : il ne s'agit pas de renouer avec cette fête, car elle n'a jamais cessé d'exister. il ne faut pas croire que l'annulation de la fête des Lumières annule le 8 décembre, qui existait 150 ans avant et n'a pas besoin de la fête des lumières pour exister. je crois même que la fête des lumières étouffe le 8 décembre, et qu'il serait bon de découpler ces deux fêtes pour que la fille cesse d'engloutir sa mère. Et vous le ditees vous même : cette fête du 8 décembre avait des caractéristiques intimes, familiales, purement locales, et vous reconnaissez bien que tout cela a disparu dans la maelstrom du tourisme international et des animations à grande échelle. Supprimer la fête des Lumières ? Non, car cet évènement participe manifestement au rayonnement de notre ville, et que tous les lyonnais l'apprécient. la décaler d'une ou deux semaines ? Oui, pour que les lyonnais retrouvent leur fête d'origine, qui a été peu à peu réduite à une animation supplémentaire sur le guide touristique. Par la même occasion, je souhaiterais dire que cette année, le 8 décembre doit être la fête traditionnelle qu'on a tous connue il y a plusieurs années, non une commémoration de la fête des lumières (le comble !), mais bien notre fête traditionnelle, placée cependant sous le sceau de la tristesse suite à ces attentats odieux.

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elia le 19/11/2015 à 19:50

Bonjour à tous les lyonnais et les autres qui seront présents le soir du 8 décembre.
Nous vous proposons de venir déposer vos lumignons (en plus de ceux sur vos fenêtres) ce soir là tout le long des berges du Rhône et de la Saône pour illuminer notre ville et nos regards! Pas de religion, pas de politique... De la lumière et de l'espoir :) Répondons aux étoiles!

Toutes les infos:
https://www.facebook.com/events/451105875074117/

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Triste le 19/11/2015 à 19:33

Un retour au source, mais une perte d'image internationale pour Lyon.

Lyon doit redoubler d'effort pour briller et séduire a l'étranger.

Économiquement c'est une catastrophe pour Lyon qui via le renouveau de la confluence et de la part dieu devrait devenir une métropole européenne.

En perdant sa plus grande fête sa meilleure promotion disparaît.

Une fois le deuil fini pas sur que la capitale et son hyper centralisme ne soit préoccupé par ce "détail".

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Fopaldire le 19/11/2015 à 16:20

Considérons effectivement comme vous l'écrivez que cette annulation soit une opportunité de retour aux sources.
Ca y est je suis d'accord avec Romain Blachier. Champagne.
Deviendrai-je socialiste ou Romain Blachier deviendrait-il Fopaldire, à trouver satisfaction à un retour aux sources ?

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