Coup sur coup la semaine passée, ce sont deux titres radicalement opposés qui ont projeté leurs prismes idéologiques sur La Guillotière, en sortant deux portraits pour le moins contradictoires : d’abord c’est dans le titre Mediapart, via le youtubeur de gauche radicale mon ami Usul, qu’a été projeté la question de la gentrification, évoquant avec des militants de la même mouvance, un quartier qui serait entièrement aseptisé, sans bruit, et livré à de tranquilles bourgeois sans histoire, le tout sur fond de complot municipal. Un quartier dans lequel l'arrivée subite d'étudiants (rappelons qu'ils sont pourtant présents depuis au moins le 19e siècle dans le quartier mais peu importe visiblement) aurait tout chamboulé.
De l’autre, côté inverse, le titre de la droite dure Valeurs Actuelles a, au contraire, voulu y voir un quartier abandonné, livré à des hordes d’islamistes et dans lequel il est impossible de boire un verre. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le deuxième titre s’en prend à ce quartier de Lyon qui m’est cher et j’avais déjà pris plume dans un autre titre pour le défendre. A l’autre bord, une émission de la anar Radio Canut avait, sous couvert de caricature, essayé de faire croire à des projets de la Mairie de transformer les toilettes publiques de la place Mazagran en backrooms homosexuelles. La Guillotière, son mélange social et d’origines, territoire de fantasmes je vous dis !
Entre deux caricatures sur La Guillotière il faut savoir raison garder mais sans se voiler la face.
Rejeter tout ce qui est dit dans ces caricatures serait toutefois aussi absurde qu’infantile. Oui La Guillotière, ce quartier pourtant moqué et diabolisé dans les grandes familles des Brotteaux ou d’Ecully est aujourd’hui victime de son succès porté par l’ensemble des acteurs économiques, culturels, municipaux et surtout par sa population. Le prix de l’immobilier, en cela je rejoins Usul, y devient clairement déraisonnable et les loyers également. Pourtant il n’y a jamais eu autant de logements sociaux construits dans le secteur, pourtant l’offre culturelle y est bien plus populaire qu’avant. Pourtant tous les garde-fous légaux sont utilisés. Mais, à moins de vouloir rendre le quartier plus désagréable, il est difficile d’empêcher les gens de vouloir rejoindre La Guillotière.
Ce succès coproduit par tout le monde depuis 15 ans, ces actions, ces commerces, ces événements que nous, habitants de la Guillotière, menons, tout cela amène à ce que nombreux soient ceux qui veulent être des nôtres. Jamais les lieux alternatifs n’ont été si nombreux dans notre quartier. Jamais l’immobilier n’a été si fort. Au milieu, et on l’oublie, de poches de pauvreté bien réelles. Et un quartier solidaire qui compte nombre d’associations de soutiens aux migrants et sdf.
De l’autre côté, si Valeurs Actuelles a mené un papier clairement ridicule, allant jusqu’à un envoyé spécial dans le quartier (comme si nous étions à Mossoul), envoyé spécial qui s’est apparemment contenté de se balader dans le quartier à boire des bières dans les bistrots tout en prétendant qu’il était impossible de consommer de l’alcool dans notre quartier pourtant grand consommateur de vin nature et autres boissons fermentées (en témoignent la quantité de verre que collecte la Métropole de Lyon chaque jour dans cet endroit), de confondre une salle de loisir pour lancer des haches avec un centre d’entrainement djihadiste et autres joyeusetés, il existe en effet du trafic (depuis près d’un demi-siècle au moins !) contre lequel agissent les forces de l’ordre mais aussi une librairie et un centre de prières clairement durs dans leur Islam dans le quartier et qui est l’objet de regards de la police. Qui, pour l’instant (ils savent les choses mieux que nous, du moins je l’espère), estiment que la loi n’est pas violée.
Tout comme la montée de l’immobilier dans les grandes métropoles françaises, l’islamisme actif d’une minorité est le reflet de regrettables évolutions de notre société plus que le récit de notre quartier particulier.
Le buddha bowl de La Guillotière
Reste que 99% des barbes du quartier sont celles de hipsters, reste que la volonté de tout le monde, c’est que notre quartier soit un endroit vivant, populaire, libre, alternatif, mélangé. A part la rue Paul Bert dans le 3e, plus monochrome, c’est à un vaste mélange, un buddha bowl qui est le sel de ce quartier multiple et unique.
Je proposerais bien à ceux qui le traversent sans y vivre de venir y habiter. Mais cela fera encore monter le prix de l’immobilier !
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Romain Blachier
les marchands de kebab sont vraiment effrayants, imaginez : ils font des sandwichs !! quelle horreur
Signaler RépondreBen dis donc Marc, cette histoire de trémie ça t'a traumatisé! :o))
Signaler RépondreY habiter oui à condition de pouvoir mettre tes enfants ailleurs à l école
Signaler RépondreVous avez peur d'un marchand de Kebad ? d'un marchand de téléphone ? Pas moi... j'y habite. Au niveau des commerce l'accueil est le même que dans le 6e. Mais vous ne vivez pas à la Guillotière évidemment...
Signaler RépondreIl faudrait faire une trémie, très grande, avec des normes. Et ensuite construire des tours très hautes pour reconstituer la skyline des Alpes comme le veut l'ego de Gérard Collomb, notre maître.
Signaler RépondreSi avec cet article onanistique, Romain Blachier n'est pas nommé maire du 7ème par ses maîtres en 2020, c'est à ne plus rien y comprendre...
Boboland , quartier populaire devenu hip pour les cyclistes barbus , les flash tatoués , les buveurs de bières artisanales médiocres, au loyers qui flambent ... bientotla prochaine croix rousse devenu quartier résidentiel une fois que les bobos ont pris de l'age....j'espère que les alternatifs , les travailleurs, les sans dents...tiendront la place pour brasser "les Marcheurs au pas" et au prochaine élection envisager un autre avenir plus solidaire..
Signaler RépondreInvivable ce quartier, c’est vraiment mal famé, entre les kebabs et magasins de téléphonie, on s’y sent super à l’aise y’a pas à dire..
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