C'est d'abord le cardinal Barbarin, homme certes
conservateur mais en temps normal subtil et intelligent, qui a fait fort
en ouvrant le bal. Il a évoqué au sujet de l'ouverture du mariage pour
tous ceux qui le souhaitent, de porte ouverte à la polygamie et à
l'inceste. L'AFP puis le Figaro le reprenant évoquèrent des propos tenus
devant des ministres en visites avant que ceux-ci démentent... En effet
les propos en question existaient bel et bien mais avaient été tenus
sur les antennes de médias lyonnais. Il avaient en tous cas été tenus.
On
était loin du débat serein demandé par nombre d'acteurs de l'Eglise
Catholique à l'instar de Monseigneur Dacourt, opposé pourtant lui aussi à
la possibilité de mariage pour tous. Oui, pourquoi pas refuser les
caricatures pour discuter ? C'est ce qui a été fait pendant la campagne
législative, durant les présidentielles...Mais ce sera le cas dans les
deux chambres. Et évidemment cela peut être discuté sereinement et sans
caricature partout ailleurs. Encore faudrait-il, pour ne pas être
caricaturé ne pas être caricatural. Notre Primat des Gaules s'est sans
doute positionné, à travers sa virulence, pour des raisons y compris
internes, en chef de communauté plutôt qu'en porteur de parole
universel. C'est son droit, c'est aussi celui de ceux qui ne sont pas de
son obédience de ne pas vouloir être soumis dans la loi civile à sa
ligne.
On croyait tout juste en être sorti et remis de nos
émotions spirituelles lorsque sont arrivés coup sur coup deux autres
nouvelles : quelques centaines de personnes, appartenant à la mouvance
salafiste selon la police pour un certain nombre d'entre elles,
s'étaient rassemblées en une manifestation non déclarée ayant pour but de
protester contre un film imbécile caricaturant et insultant Mahomet.
On
ne sait si certains manifestants avaient les mêmes inquiétantes
pancartes appelant à décapiter leurs adversaires que l'on apercevait au
même moment dans une manifestation similaire à Sydney ou s'ils
cherchaient à saccager une école comme en Tunisie. Manuel Valls a
d'ailleurs été ferme dans sa volonté de vouloir faire toute la lumière
sur cette affaire et Frédéric Lefebvre a appelé son ami de parti
François Fillon à plus de retenue dans l'exploitation de cette affaire.
On reste tout de même stupéfié par la puissance promotionnelle que donnent à
cette horreur cinématographique les participants aux divers
rassemblements de protestations un peu partout dans le monde.
Mais
il restait encore une dernière étape, vendredi et samedi n'ayant pas
suffit à notre ration insatiable d’épiphénomènes religieux : A la fête
de l'Huma, sympathique rassemblement aussi large que les ventes du
journal organisateur sont faibles, l'essayiste Caroline Fourest n'avait
pu intervenir dans une conférence où elle devait évoquer le combat
contre le FN. La demoiselle, qui se revendique féministe, de gauche et laïque, avait le tort d'enquêter sur les extrémismes tant chrétiens que
musulmans ou juifs. Il n'en fallait pas plus pour quelques uns pour
mélanger l'ensemble et l'exception, pour, de façon paradoxale de la même
façon que l'extrême-droite, assimiler islamistes radicaux et musulmans
et accuser Fourest d'être anti-Islam et la chasser sans la laisser
parler.
Le lendemain, dimanche, c'était plus calme dans ma vraie
vie. On prenait sans doute, en ce jour de repos pour le plus grand
nombre, un peu de sérénité. Je me levais un peu trop tard pour aller au
temple protestant, mes parents et ma sœur étaient plus sérieux et
allaient sans doute, eux, dans leur paroisse catholique. La synagogue
de mon quartier fêtait le premier jour de Roch Hashana (année 5773, excusez du peu). Mon épicier musulman sunnite échangeait sur les
sourates avec son voisin musulman malikite. Bref, n'en déplaise à ceux
qui assimilent la spiritualité à l'absence de paix et de sérénité et qui
auraient pu être renforcés dans leurs poncifs par ce week-end par une
infime minorité, on pouvait opposer, malgré une nécessaire vigilance, en
cette fin de week-end ce dimanche cette phrase d'Augustin d'Hipponne
(Saint-Augustin pour les catholiques) : "Je m'endormis, et à mon réveil
trouvais que ma difficulté avait beaucoup perdu de sa violence."
Retrouvez tous les billets de Romain Blachier sur son blog Lyonnitude(s).
Romain Blachier
Lundi 17 Septembre 2012 à 14h00
Après la nuit, la difficulté perd parfois en violence

Un pays pas très serein niveau religieux, c'est l'impression qu'on
pouvait avoir ce week-end au premier abord, faisant le miel des
inquiétudes, des sectarismes et des bouffeurs de spiritualité de toute
sorte.
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Bel article et ce si juste sentiment que l'aube apaise !
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